LOIN. adv. de lieu. À grande distance. Bien loin. Fort loin. Si
loin. Il demeure loin. Aller loin. Revenir de loin. Voir de loin. Entendre
de loin. D'aussi loin qu'il l'apperçut. Sa vue porte loin, fort loin.
Regarder de loin. Parler de loin. Un fusil qui porte loin. Il a
été tué de loin. Atteindre de loin. Pousser bien loin
ses conquêtes, ses victoires.
On dit proverbialement, À beau
mentir qui vient de loin, pour dire, qu'Un homme qui revient d'un pays
fort éloigné, peut débiter tout ce qu'il veut, sans
craindre qu'on puisse le convaincre de fausseté.
On dit fig. et fam. qu'On voit venir un
homme de loin, pour dire, qu'Encore que dans son discours il prenne un
grand détour, on ne laisse pas de voir où il veut venir,
quelle est son intention.
On dit aussi figurément, Revenir de
loin, de bien loin, pour dire, Réchapper d'une maladie
très-périlleuse, ou de quelque extrême danger, se
rétablir après quelque disgrâce. Il a
été bien malade, il est revenu de loin. Il s'est
rétabli à la Cour, le voilà revenu de loin.
On dit proverbialement dans le premier sens,
que La jeunesse revient de loin.
On dit figurément, Rejeter, renvoyer
une chose bien loin, pour dire, La rebuter.
On dit figurément en matière de
Sciences, Aller loin, pour dire, Y faire de grands progrès.
Aristote a été loin, bien loin dans la connoissance des
choses naturelles. Saint Thomas a été bien loin dans les
matières de Théologie.
Et on dit, qu'Un homme va plus loin qu'un
autre, pour dire, qu'il a plus de pénétration qu'un
autre.
On dit encore, Aller loin, pour dire,
Faire fortune. Il est homme d'esprit, et il a des amis à la Cour;
il ira loin, il peut aller loin. Cette Charge le peut mener loin.
On dit aussi d'Un homme qui s'abandonne
à la débauche, ou qui s'applique à quelque travail
préjudiciable à sa santé, ou qui fait de trop grandes
dépenses, qu'Il n'ira pas loin, s'il continue, pour dire,
qu'Il ne vivra pas long-temps, ou qu'Il sera bientôt ruiné.
On dit en matière d'affaires et de
questions délicates, Aller loin, pour dire, S'engager
beaucoup. Si on entame une fois cette affaire, cette question, on ira
loin. Demeurez-en-là, n'allez pas plus loin.
On dit aussi, qu'Une chose va plus loin
qu'on ne pense, pour dire, qu'Elle est de plus grande conséquence
qu'on ne croit.
On dit aussi, qu'Une affaire, qu'une
difficulté menera loin, pour dire, qu'Elle tirera en longueur,
ou qu'elle engagera plus avant qu'on ne veut.
On dit encore, Mener, porter, pousser une
affaire loin, pour dire, La rendre plus importante et plus
considérable qu'elle n'auroit été par
elle-même.
On dit encore, Porter loin, pousser loin
sa haine, son ressentiment, pour dire, Donner de grandes marques de
haine, de ressentiment. Vous poussez trop loin votre ressentiment, votre
animosité, votre critique, etc.
On dit, Parens de loin, pour dire, En
un degré fort reculé. Ils sont parens, mais c'est de
loin.
On dit proverbialement, Pas à pas
on va bien loin, pour dire, qu'Un homme qui va toujours sans
discontinuer, ne laisse pas d'avancer chemin, quoiqu'il aille doucement.
¶ AU LOIN. adv. Dans un lieu, dans un pays
reculé, écarté de celui où l'on est. Il s'en
est allé au loin, au haut et au loin. Chercher les aventures au loin.
Aller chasser au loin.
¶ LOIN, est aussi quelquefois adverbe de temps,
et signifie Un temps fort reculé de celui dont on parle. Vous me
parlez du temps d'Henri IV, c'est parler de loin, c'est se souvenir de loin.
Vous remettez à me payer dans deux ans, c'est me remettre bien
loin.
¶ LOIN À LOIN, DE LOIN
À LOIN. adv. À une distance considérable de lieu
ou de temps, eu égard à la chose dont on parle. Planter des
arbres loin à loin. Les maisons, les hameaux y sont semés loin
à loin. Il ne me vient plus voir que de loin à loin.
¶ LOIN, est aussi préposition de lieu et
de temps, et a la même signification que Loin adverbe. Loin du lieu
où vous êtes. Loin de la ville. Loin d'ici. Ils sont loin l'un
de l'autre. Il est encore loin du bien. Nous sommes encore loin de
Pâques.
On dit, Loin d'ici prophanes. Loin de nous
des pensées si funestes, pour dire, Retirez-vous d'ici profanes.
Nous préserve le Ciel de si funestes pensées.
On dit proverbialement, Qui est loin des
yeux, est loin du coeur, pour dire, qu'Ordinairement l'absence refroidit
l'amour.
On dit aussi proverbialement, Près
de l'Église et loin de Dieu, En parlant de ceux qui sont
obligés par état de fréquenter l'Église, et qui
n'en sont pas plus dévots.
On dit figurément, qu'Un homme est
loin de son compte, pour dire, qu'Il s'en faut beaucoup qu'il soit
prêt de réussir dans ses prétentions.
On dit encore De deux personnes qui sont en
traité, en marché de quelque chose, et qui ne peuvent convenir
ensemble, qu'Ils sont encore tous deux loin de compte, bien loin de
compte.
On dit aussi, Parler au plus loin de sa
pensée, pour dire, Tout au contraire de ce qu'on pense.
Et on dit familièrement d'Un homme qui
est sans prévoyance, qu'Il ne voit pas plus loin que le bout de
son nez.
¶ LOIN, BIEN LOIN, se
construit aussi avec les verbes, soit à l'infinitif, avec la
particule De, soit au subjonctif, avec la particule Que; et
il signifie au lieu de, tant s'en faut que. Bien loin de me remercier,
il m'a dit des injures. Bien loin de se repentir, il s'obstine dans son
crime. Loin qu'il soit disposé à vous faire satisfaction, il
est homme à vous quereller.
LOINTAIN, [LOINT]AINE. adj. Qui est fort loin du lieu où l'on est,
ou dont on parle. Il ne se dit que des pays, des terres, des climats, des
régions, des peuples et des nations. Un pays lointain. Des
régions lointaines. Des climats lointains. Peuples lointains. Nations
lointaines.
¶ LOINTAIN, est aussi quelquefois substantif.
Ainsi en termes de Peinture, on appelle Le lointain d'un tableau, Ce
qui paroît le plus reculé à la vue dans le fond d'un
tableau. Cette figure fait bien dans ce lointain. Ce lointain est fort
beau.
LOIR. s. m. Sorte de petit animal semblable à un rat, qui vit dans
le creux des arbres, et qui dort durant tout l'hiver. Il dort comme un
loir.
LOISIBLE. adj. de t. g. Qui est permis. Cela n'est pas loisible. Qu'il
soit loisible ou non, il ne s'en soucie pas. C'est une chose loisible.
Il vieillit.
LOISIR. s. m. Temps où l'on n'a rien à faire. Jouir d'un
doux loisir, d'un honnête loisir. Il emploie bien les heures de son
loisir. Vous ferez cela aux heures de votre loisir, ou à votre
loisir.
On dit d'Un homme qui s'amuse à des
bagatelles, ou qui s'occupe l'esprit de choses, qui ne le regardent point,
qu'Il est bien de loisir, qu'il faut qu'il ait bien du loisir de
reste.
¶ LOISIR, signifie aussi Un espace de temps
suffisant pour faire quelque chose commodément. Si vous voulez que
je fasse cela, donnez-m'en le loisir. Je n'ai pas eu assez de loisir pour
y penser. Je n'en ai pas eu le loisir. Cet ouvrage demande du loisir. Vous
ne me donnez pas le loisir de répondre.
On dit aussi, À loisir, pour
dire, À son aise, à sa commodité, sans se presser.
Vous ferez cela à loisir, rien ne vous presse. Et on dit,
Vous y penserez à loisir, pensez-y à loisir, pour dire,
Pensez-y mûrement, sérieusement.
On dit d'Un homme qui fait quelque chose dont
on croit qu'il sentira long-temps les suites, qu'Il aura tout le loisir
de s'en repentir, qu'il s'en repentira à loisir.
¶ LOISIR, s'emploie quelquefois au pluriel dans
la Poësie. D'heureux loisirs.