[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1835, tome II, page 844]

     TIMBRE. s. m. Sorte de cloche immobile qui est frappée par un marteau placé ordinairement en dehors. Le timbre d'une pendule, d'une montre. Le timbre d'un réveille-matin. Le timbre de cette pendule est très-bon. Ce timbre est fêlé.
     Le timbre d'un tambour. La corde à boyau mise en double au-dessous de la caisse d'un tambour, pour le faire mieux résonner.
     TIMBRE, se dit quelquefois Du son que rend le timbre. Ce timbre est trop éclatant.
     Il se dit, figurément, Du retentissement de la voix. Voilà un beau timbre. Cette voix a du timbre. Cette voix a un timbre argentin. Sa voix n'a point de timbre. Le timbre de la voix.
     TIMBRE, se dit aussi Du premier vers d'un vaudeville connu, qu'on écrit au-dessus d'un vaudeville parodié, pour indiquer sur quel air ce dernier doit être chanté. Mettre les timbres aux couplets d'une pièce en vaudevilles.
     TIMBRE, se dit encore de La marque imprimée sur le papier dont la loi oblige à se servir pour certaines écritures, et même pour certaines impressions. La loi sur le timbre. L'impôt du timbre. Faire mettre le timbre sur une obligation, sur un passe-port. Payer le timbre. Les feuilles périodiques sont soumises, sont assujetties au droit de timbre.
     Timbre à l'extraordinaire, Timbre apposé après coup sur des actes qui auraient dû être écrits sur du papier timbré.
     Bureau de timbre, Bureau où l'on débite le papier timbré.
     Timbre sec, Timbre qui n'est marqué que par la pression du coin sur lequel il est gravé.
     TIMBRE, se dit en outre de La marque particulière que chaque bureau des postes imprime sur les lettres qu'il fait partir, pour indiquer le lieu et le jour du départ; et sur celles qu'il reçoit, pour constater le jour de leur arrivée. Le timbre de cette lettre est de Lyon.
     TIMBRE, en termes d'Armoiries, signifie, Le casque qui est au-dessus de l'écu. Les souverains portent le timbre ouvert.
     Fig. et fam., Il a le timbre fêlé, se dit D'un homme un peu fou.

     TIMBRER. v. a. Imprimer sur du papier, sur du parchemin, la marque ordonnée par la loi, pour qu'il puisse servir aux usages qu'elle a déterminés. Timbrer du papier, du parchemin. Faire timbrer un passe-port.
     Il signifie aussi, Imprimer sur une lettre une marque qui indique de quel bureau de poste elle part, ou qui fait connaître soit le jour du départ, soit celui de l'arrivée. On a oublié de timbrer cette lettre. On dit dans un sens analogue, Timbrer les livres d'une bibliothèque, Les marquer d'un cachet, d'un sceau particulier qui sert à les faire reconnaître.
     TIMBRER, signifie, en termes de Procédure et d'Administration, Écrire en tête d'un acte la nature de cet acte, sa date, et le sommaire de ce qu'il contient. Timbrer des pièces.
     TIMBRER, en termes de Blason, Mettre au-dessus d'un écu un timbre ou quelque autre marque d'honneur, de dignité. Les armes du pape sont timbrées d'une tiare.
     TIMBRÉ, [TIMBR]ÉE. participe. Papier timbré. Cette lettre n'est pas timbrée. Cette lettre est timbrée de Bordeaux, de Marseille.
     Fig. et fam., Une cervelle, une tête timbrée, un cerveau mal timbré, Un écervelé, un fou. On dit dans le même sens, Cet homme est timbré, est un peu timbré.
     TIMBRÉ, en termes de Blason, se dit De l'écu couvert du casque ou timbre.

     TIMBREUR. s. m. Celui qui timbre, qui marque avec le timbre.

     TIMIDE. adj. des deux genres. Craintif, peureux, qui manque de hardiesse ou d'assurance. On le dit Des personnes, ainsi que De leurs actions, de leurs discours, etc. L'enfance est timide. Cet animal est naturellement timide. Le véritable amour rend timide. Ce jeune homme est fort timide en société. Il n'est pas timide auprès des femmes, avec les femmes. Âme timide. Caractère timide. Esprit timide. Il s'avança d'un air timide. Il a l'air timide. Contenance timide. Regard timide. Marche timide. Prendre un parti timide. Donner un conseil timide.
     Écrivain timide, style timide, Écrivain, style qui manque de hardiesse, d'énergie.
     Fig., Marche timide, Conduite excessivement prudente.

     TIMIDEMENT. adv. Avec timidité. Agir timidement. Répondre timidement.

     TIMIDITÉ. s. f. Qualité de celui qui est timide. Grande timidité. Extrême timidité. Timidité ridicule. Je n'ai jamais vu une timidité comme la vôtre. Sa timidité l'empêche de faire paraître tout son esprit.
     Il se dit quelquefois Des actions, des

[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1835, tome II, page 845]

discours. On blâma la timidité de sa conduite. La timidité de ses conseils devint funeste.

     TIMON. s. m. Pièce de bois du train de devant d'un carrosse ou d'un chariot, qui est longue et droite, et aux deux côtés de laquelle on attèle les chevaux. Timon de chariot, de carrosse, de voiture. Lever le timon. Abaisser le timon.
     Timon d'une charrue, Longue pièce de bois en forme de timon, à laquelle sont attelés les chevaux ou les boeufs.
     TIMON, en termes de Marine, signifie, Une longue pièce de bois attachée au gouvernail d'un navire, et qui sert à le mouvoir par la force du levier. C'est ce que les marins appellent plus ordinairement La barre du gouvernail. Gouverner le timon. Manier le timon. Tenir le timon. Être au timon. Abandonner le timon. Dans le
discours ordinaire, il se prend pour Le gouvernail même.
     Fig., Prendre le timon des affaires, de l'État, Prendre le gouvernement des affaires, de l'État. Dès que le prince eut pris le timon des affaires.

     TIMONIER. s. m. Celui qui gouverne le timon d'un navire sous les ordres du pilote. Bon timonier. Un coup de canon emporta le timonier.
     Il se dit aussi Des chevaux qu'on met au timon; à la différence de ceux qu'on met à la volée.

     TIMORÉ, [TIMOR]ÉE. adj. Qui est pénétré d'une crainte salutaire. Il ne se dit guère qu'en parlant De la crainte d'offenser Dieu. Il ne faut pas craindre qu'il s'éloigne de son devoir, il est trop timoré, il a la conscience trop timorée.
     Il se dit quelquefois D'une personne qui porte très-loin le scrupule. Vous êtes bien timoré. C'est une âme timorée.

     TIN. s. m. T. de Marine. Morceau de bois, sorte de billot qu'on emploie, comme support ou garniture, pour maintenir une pièce de bois pendant qu'on la travaille. Faire porter sur des tins la quille d'un bâtiment.

     TINCTORIAL, [TINCTORI]ALE. adj. Qui sert à teindre. Plantes tinctoriales.

     TINE. s. f. Espèce de tonneau qui sert à transporter de l'eau.

     TINETTE. s. f. Vaisseau de bois fait de douves, qui s'ouvre par le haut, et qui est ordinairement plus large par en haut que par en bas. Une tinette de beurre.

     TINTAMARRE. s. m. Il se dit de Toute sorte de bruit éclatant, accompagné de confusion et de désordre. Quel tintamarre est-ce que j'entends? Un grand tintamarre. Il est familier.

     TINTAMARRER. v. n. Faire du tintamarre. Il est populaire et vieux.

     TINTEMENT. s. m. Prolongement du son d'une cloche, lequel va toujours en diminuant dans l'air après que le coup a frappé. Le tintement d'une cloche.
     Il signifie aussi, L'action de tinter, et Le bruit, le son même de la cloche qu'on tinte. Ce tintement annonce que la messe va commencer. Un tintement funèbre.
     TINTEMENT, se dit aussi de La sensation que l'on éprouve quelquefois dans les oreilles sans cause extérieure, comme si l'on entendait un son aigu et continu, tel que le tintement d'une cloche. Ce malade a de fréquents tintements d'oreille.

     TINTENAGUE. s. f. Voyez TOUTENAGUE.

     TINTER. v. a. Faire sonner lentement une cloche, en sorte que le battant ne touche que d'un côté. Tinter la grosse cloche, la petite cloche. Il s'emploie aussi absolument. On tinte à la paroisse.
     Tinter la messe, tinter le sermon, Tinter la cloche, afin d'avertir que la messe ou le sermon va bientôt commencer.
     TINTER, est aussi neutre. La cloche tinte, On tinte la cloche. Voilà le sermon qui tinte, la messe qui tinte, La cloche tinte pour avertir que le sermon, que la messe va commencer.
     Faire tinter un verre, Lui faire rendre un son en le frappant comme une cloche.
     L'oreille lui tinte, Par un mouvement qui n'est que dans son oreille, il entend un son pareil à celui d'une petite cloche. On dit aussi, Les oreilles lui tintent.
     Prov. et fig., Les oreilles doivent vous avoir bien tinté, se dit Pour faire entendre à une personne qu'on a beaucoup parlé d'elle en son absence.
     Fig. et fam., Le cerveau lui tinte, Il a la tête fêlée, la tête dérangée, C'est une folle à qui le cerveau tinte.
     TINTÉ, [TINT]ÉE. participe.

     TINTER. v. a. T. de Marine. Appuyer sur des tins, assujettir avec des tins. Tinter la quille d'un bâtiment. Tinter des futailles, des caisses, des ballots que l'on arrime.
     TINTÉ, [TINT]ÉE. participe.

     TINTOUIN. s. m. Bourdonnement, bruit dans les oreilles. Avoir un tintouin continuel dans les oreilles.
     Il se dit figurément de L'inquiétude qu'on a du succès de quelque chose, ou de L'embarras que cause une affaire. On juge maintenant son procès, il doit avoir du tintouin. Cette affaire lui donnera bien du tintouin. Donner du tintouin à quelqu'un. Il est familier dans les deux acceptions.