VOLER. v. n. Se soutenir, se mouvoir
en l'air par le moyen des ailes. C'est le propre des oiseaux de voler.
Un oiseau qui vole bas, qui vole haut, qui vole sur l'eau. Un oiseau qui
vole à tire-d'aile, qui vole roide, qui vole rapidement. Tirer un
oiseau en volant. Il y a des insectes, des poissons, des serpents qui
volent. Il s'est trouvé des hommes qui ont cherché l'art de
voler, le secret de voler.
Fig., Vouloir voler avant d'avoir des
ailes, Faire de la dépense avant d'avoir de quoi la soutenir;
entreprendre quelque chose sans avoir les fonds et les moyens
nécessaires pour y réussir.
Fig., Voler de ses propres ailes, Agir
par soi-même, sans le secours d'autrui.
VOLER, signifie, par
extension, Courir avec une grande vitesse. Ce cheval vole. Il ne court
pas, il vole. Voler au secours de son ami.
Il s'emploie figurément, dans le
même sens. Tous les coeurs volaient au-devant de lui. Le temps
vole.
Il se dit, particulièrement, Des bruits
et de la renommée. Le bruit de ses hauts faits vole par toute la
terre. Sa renommée volait partout.
VOLER, se dit
également Des choses qui sont poussées dans l'air avec une
grande vitesse, comme les traits, les pierres, etc. Les flèches
volaient. Le vent faisait voler les tuiles. Le vent faisait voler la
poussière.
Fig., Faire voler la tête de
quelqu'un, La lui abattre d'un seul coup.
VOLER, est aussi actif,
et signifie, Chasser. Dans ce sens, il se dit De certains oiseaux de proie
qui sont dressés à chasser, à poursuivre d'autres
oiseaux ou quelque
autre sorte de gibier. Le faucon, l'autour, le lanier,
apprennent facilement à voler d'autres oiseaux. Cet oiseau vole la
pie, vole le héron, vole la perdrix.
Il se dit également Des personnes qui
emploient ces oiseaux à la chasse. Il se plaît à
voler la corneille, à voler le héron. J'irai voler
aujourd'hui. Je volerai la pie cette
après-dînée.
VOLER. v. a. Prendre furtivement ou par
force la chose d'autrui, pour se l'approprier. Voler la bourse de
quelqu'un. Voler de l'argent. Voler des hardes. Voler les deniers de
l'État. On dit de même, Voler un nom, un titre,
etc., S'attribuer un nom, un titre qui appartient à un autre,
qu'on n'a pas droit de porter.
Voler quelqu'un, Lui prendre quelque
chose qui lui appartient. Ce valet a volé son maître. J'ai
été volé cette nuit.
Fig. et fam., Il ne l'a pas
volé, se dit De quelqu'un à qui il est arrivé
quelque chose de fâcheux ou d'heureux, et qui l'a bien
mérité.
VOLER, s'emploie
quelquefois absolument. Voler sur les grands chemins. Voler avec
effraction. On vole dans ce quartier, depuis quelques jours. C'est un homme
qui volerait jusque sur l'autel.
VOLER, se dit
figurément De ceux qui s'approprient les pensées et les
expressions des autres, et qui s'en servent sans indiquer la source
où ils ont puisé. Il a volé cela de tel livre, dans
tel livre. Non-seulement il a volé les pensées de cet auteur,
il a même volé jusqu'à ses expressions. Voler des
phrases, des pensées à un auteur.
VOLÉ, [VOL]ÉE. participe.
Prov., Bien volé ne profite pas, ne
profite jamais, On le dissipe, ou bien il est repris.