Furetière 1690 Trévoux 1771
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Suppressions en rouge; modifications soulignées; ajouts en bleu
1

 

 

 

 

 

 

 

 

2

 

6

QUEUE. s. f. La partie qui termine le corps de
    l'animal par le derriere. Elle differe tant de
    figure que d'usage selon leurs divers genres. Aux
    animaux terrestres elle sert à les esmoucher, &
    est d'ordinaire couverte de poil, & garnie d'os.
    Ceux qui vivent dans l'air l'ont de plume. Les
    aquatiques l'ont de cartilages, & elle leur sert de
    gouvernail pour nager
. Le lion se bat les flancs
    de sa queüe pour s'irriter. Les chiens remuent la
    queüe en signe de caresse, en voyant leur maistre.
    Ainsi l'Escriture dit que le chien de Tobie vint au
    devant de son maistre en branslant la queüe. Le
    scorpion pique de sa queüe. Les belles fourrures
    se font de queües de fouines, de martes, ou souris
    de Moscovie, d'hermines, &c. La queüe du paon
    est chargée des yeux d'Argus, à ce que dit la Fable.
    Les Chasseurs tirent en volant les oiseaux en queüe.
    Ce mot vient du Latin cauda.
On appelle balay en termes de Fauconnerie, la queüe
    de l'oiseau. Cette queüe luy sert de gouvernail
    pour voler à toutes mains.

On dit aussi, quand on designe un cheval, soit lors
    qu'on le saisit, ou qu'on le vend, qu'il a queüe,
    crin & oreilles.

[1721 déplace l'alinéa 6 de Fur pour le mettre plus
loin juste avant "QUEUE DE CHEVAL, en termes
de Botanique" (= 1771 al. 29; 1721 al. 20); dernière
modification = 1721]
[Alinéa 6 de Fur intégré à l'alinéa initial en 1743]

1 QUEUE. s. f. La partie qui termine le corps de l'animal
    par derrière. Cauda. On le dit de toutes sortes d'animaux.
    Dans les quadrupèdes, c'est cette partie, ordinairement
    couverte de poil, qui est au bout de l'épine
    du dos. Ils s'en servent pour s'émoucher. Dans les
    oiseaux, ce sont les longues plumes qui leur sortent
    du croupion; en termes de Fauconnerie, on l'appelle
    Balai. Cette queue sert aux oiseaux comme de gouvernail,
    pour se conduire dans l'air. Dans les poissons,
    les serpens, les insectes, c'est la partie qui s'étend du
    ventre jusqu'à l'extrémité opposée à la tête
. Le lion se
    bat les flancs de sa queue pour s'irriter. Les chiens remuent
    la queue en signe de caresse, en voyant leur
    maître. Ainsi l'Ecriture dit que le chien de Tobie vint
    au-devant de son maître en branlant la queue. Le scorpion
    pique de sa queue. Les belles fourrures se font de
    queues de fouines, de martres, ou souris de Moscovie,
    d'hermines, &c. La queue du paon est chargée des yeux
    d'Argus, à ce que dit la fable. Les Chasseurs tirent en
    volant les oiseaux en queue. On dit aussi quand on
    désigne un cheval, soit lorsqu'on le saisit, ou qu'on le
    vend, qu'il a crins, queue & oreilles. Crinitus, caudatus
    & auritus.

        Ce mot vient du Latin cauda.

[Équivalents latins = 1704]
[L'alinéa 2 de Fur est intégré à l'alinéa initial en 1743,
qui le place après "Les Chasseurs tirent en volant les oiseaux
en queue." (1743-1752); 1704-1752 donnent l'équivalent latin
"Cauda avis." pour "la queue de l'oiseau". C'est 1771 qui
donne à cet item sa forme définitive.]
[Modifications de formulation et de terminologie, ajout "les
serpens..." = 1771]
[Nota: Acad "animaux à quatre pieds, oiseaux, reptiles &
poissons" depuis 1694]

8

 

 

 

 
9

QUEÜE, se prend aussi pour quelque partie de
    l'animal couppée sur le train de derriere. A la
    boucherie on appelle queüe de mouton, la partie
    du mouton qui forme le quartier de derriere, à la
    reserve de l'esclanche
. Une queüe de morue, de
    saumon, c'est toute la partie de derriere de ces
    poissons. On dit aussi, que les Syrenes, les
    Tritons, ont le corps de figure humaine, &
    finissent en une queüe de poisson.
En Medecine on appelle la queüe d'un muscle, la
    partie qui aboutit en tendon, qui est un meslange
    & confusion de fibres, de nerfs, & de ligaments
.

[Suppression dans l'alinéa 9 = 1701]
[Suppression dans l'alinéa 8 = 1771]

2 QUEUE, se prend aussi pour quelque partie de l'animal
    coupée sur le train de derrière. A la boucherie on
    appelle queue de mouton. Cauda vervecina. Une queue
    de morue, de saumon, c'est toute la partie de derrière
    de ces poissons. On dit aussi, que les Syrènes, les
    Tritons, ont le corps de figure humaine, & finissent
    en une queue de poisson. Desinit in piscem mulier formosa
    supernè
.

        En Anatomie on appelle la queue d'un muscle, le
    tendon qui est attaché à la partie mobile. Tendo.
    L'autre tendon qui est attaché à la partie immobile
    vers laquelle se fait le mouvement, s'appelle la tête
    du muscle. Voy. M
USCLE.

[Modification et ajout "L'autre... muscle" = 1701;
1er et 3e équivalents latins = 1704]
[2e équivalent latin = 1771]
[Renvoi terminal ajouté en 1771]

10 QUEÜE, signifie aussi dans les végétaux, cette
    partie ou ce lien qui attache les feuilles, les
    fleurs & les fruits à leurs branches, ou à leurs
    tiges. Les fleurs de conservent long-temps cueillies,
    quand on laisse tremper leur queüe dans l'eau. Le
    moyen de conserver les fruits d'hiver, c'est de sceller
    leur queüe avec de la cire. Les cerises à courte queüe
    sont les meilleures. Les Medecins appellent la queüe
    des feuilles, pedicule,

[Modifications et ajout = 1701; latin = 1704]
[Cf. Acad 1694: "En parlant de certaines Fleurs,
comme Tulippes, Lys, Narcisses, on appelle, Queuë, quand
elles sont cueillies, ce qu'on appelle, Tige dans ces
mesmes fleurs, lors qu'elles sont encore sur pied."]

3 QUEUE, signifie aussi dans les végétaux, cette partie ou
    ce lien qui attache les feuilles, les fleurs ou les fruits
    à leurs branches, ou leurs tiges. Pediculus, petiolus.
    Les fleurs se conservent long temps cueillies, quand
    on laisse tremper les queues dans l'eau. Le moyen de
    conserver les fruits d'hiver, c'est de seeller leur queue
    avec de la cire. Les cerises à courte queue sont les
    meilleures. Les Botanistes appellent la queue des fleurs,
    pédicule. En parlant de certaines fleurs, comme tulipes,
    lis, narcisses, on appelle queue, quand elles sont
    cueillies, ce qu'on appelle tige dans ces mêmes fleurs,
    lorsqu'elles sont encore sur pied.
11 QUEÜE, se dit aussi des manches de plusieurs
    instruments & utenciles. La queüe d'une viole,
    d'un violon, c'est la partie où sont attachées les
    cordes. La queüe d'une poesle, d'un gril, &c. sont les
    manches par où on les tient, lors qu'ils sont sur le
    feu, ou qu'on les en approche. On dit aussi des
    boutons à queüe, quand ils sont attachés à quelque
    bout de passement, ou autre ornement.
4 QUEUE, se dit aussi des manches de plusieurs instrumens
    & ustenciles. La queue d'une viole, d'un violon, c'est
    la partie où sont attachées les cordes. Cauda fidis. La
    queue d'une poële, d'un gril, &c. sont les manches par
    où on les tient lorsqu'ils sont sur le feu, ou qu'on les
    en approche. On dit aussi des boutons à queue, quand
    ils sont attachés à quelque bout de passement, ou autre
    ornement.

[Latin = 1704]

12 QUEÜE, en termes de Charpenterie, est une piece
    de bois longue de cinq à six toises, qui sert à faire
    tourner les moulins pour les exposer au vent.
5 QUEUE, en termes de Charpenterie, est une piece de
    bois longue de cinq à six toises, qui sert à faire tourner
    les moulins pour les exposer au vent. Cauda lignea
    moletrinae.

[Latin = 1704]

14 QUEÜE, signifie encore cette partie superfluë des
    habits longs qui traisne à terre, qui est une marque
    de qualité, & qu'on estend beaucoup dans les
    grandes ceremonies. Cette femme est de qualité,
    on luy porte la queüe. Les Cardinaux ont des
    Officiers pour leur porter la queüe, qu'on appelle
    Caudataires. Ce sont des Princesses qui portent
    la queüe de la Reine lors de son mariage. Aux
    pompes funebres, les Princes ont des queües de
    douze ou quinze aunes de long.
6 QUEUE, signifie encore cette partie des habits longs qui
    traîne à terre, qui est une marque de qualité, & qu'on
    étend beaucoup dans les grandes cérémonies. Syrma.
    Cette femme est de qualité, on luy porte la queue. Les
    Cardinaux ont des Officiers pour leur porter la queue,
    qu'on appelle Caudataires. Ce sont des Princesses qui
    portent la queue à la Reine lors de son mariage. Aux
    pompes funèbres, les Princes ont des queues de douze
    ou quinze aunes de long. Elle n'arrive à l'Eglise que
    dans un char, on lui porte une lourde queue &c. L
A
    B
RUY.

[Ajouts = 1701; latin = 1704]

15 On dit entre Marchands, qu'une estoffe a cap &
    queüe, lors qu'elle n'est point entamée, & qu'elle a
    deux chefs par les deux bouts.

[Latin = 1704]
[Modifications et autres ajouts = 1771]

7 Parmi les Marchands de draps, de toiles, on dit
    qu'une étoffe a cap & queue, lorsqu'elle n'est point entamée.
    Panni textum solidum, integrum. La queue est
    le dernier bout de la pièce, qui est entière, par opposition
    au premier bout qu'on appelle tête, chef ou
    cap
.

[Cf. Enc 1765:
"Queue, (Commerce de soierie & de toile.) c'est ainsi qu'on
appelle le dernier bout d'une piece d'étoffe ou de toile
lorsqu'elle n'a point été entamée, au contraire du premier
bout que l'on nomme chef. Savary. (D. J.)"]

16 QUEÜE, se dit aussi des caracteres qui finissent par
    une pointe tirée en bas. La queüe de cet y Grec
    n'est pas bien formée.
8 QUEUE, se dit aussi des caractères qui finissent par une
    pointe tirée en bas. La queue de cet y grec n'est pas
    bien formée, c'est-à-dire, le trait qui excède par en
    bas le corps de la lettre
.

[Ajout = 1771]

  [Item ajouté en 1771]

[Cf. Enc 1765: "Queue, en Musique, virgula; on distingue
dans les notes la tête & la queue; la tête est le corps même
de la note; la queue est ce trait qui tient à la tête, & qui
indifféremment monte ou descend perpendiculairement
à-travers la portée. Dans le plein chant les notes n'ont pas
de queue, mais dans la musique il n'y a que la ronde
qui n'en a point. Autrefois la breve ou quarrée n'en n'avoit
pas non plus. (S)"]

9 En Musique on appelle queue, virgula, le trait qui
    monte ou qui descend à travers la portée, & qui tient
    à la tête, c'est-à-dire, au corps de la note. Dans le
    plain-chant les notes n'ont point de queue. Dans la musique,
    la ronde n'en a point.

17 QUEÜE, signifie aussi l'extremité de quelque chose.
    La queüe de l'hiver, de l'esté. Il vaut mieux aller
    passer sur la chaussée de cet estang, que par la
    queüe qui est trop marescageuse.

[En 1701-1752 cet item est comme suit (latin ajouté en 1704):
"Q
UEÜE, signifie aussi l'extremité de quelque
    chose. La queüe de l'hiver, de l'été. Reliquum
    hyemis, aestatis.
Il vaut mieux aller passer sur
    la chaussée de cet étang, que par la queüe qui
    est trop marecageuse. C'est prendre justement
    le Roman par la queüe. M
OL. c'est-à-dire
    figurément, le prendre par la fin, ou par la
    conclusion."
Pour prendre le Roman par la queue, cf. commencer le Roman
par la queue
, dernier alinéa sur la fin
.]

10 QUEUE, signifie aussi le bout, la fin de quelque
    chose. La queue d'un étang, d'une forêt. La queue de
    l'hiver, de l'été.
  [Item ajouté en 1743] 11 QUEUE. Terme de jeu. C'est au piquet à écrire, lorsque
    pour compter les tours dont on est convenu, les joueurs
    à chaque coup qu'ils sont marqués, mettent un jeton
    dans la bourse commune, laquelle, à la fin du jeu,
    appartient totalement à celui qui gagne le plus, & s'il
    y en a deux qui gagnent autant l'un que l'autre, la
    queue se partage également entr'eux. C'est à celui qui
    a la queue à payer les cartes. On la joue aussi au quadrille,
    & à tel jeu qu'on veut. Payer le vingt-huit,
    la consolation, la queue, & les as, c'est donner pour
    tout cela le nombre de jetons qu'on a réglé au commencement
    de la partie.

18 QUEÜE, en termes de Chancelerie, se dit de la
    maniere de sceller les Lettres. Une Lettre est
    scellée à simple queüe, quand le seau est attaché
    à un coin du parchemin de la lettre, qu'on a fendu
    exprés; & à double queüe, quand le seau est pendant
    à une bande en double de parchemin passée
    au travers de la Lettre, comme on fait en toutes
    les expeditions importantes.
12 QUEUE, en termes de Chancellerie, se dit de la manière
    de sceller les lettres. Une lettre est scellée à simple
    queue, caudâ simplici, quand le sceau est attaché à
    un coin du parchemin de la lettre, qu'on a fendu exprès;
    & à double queue, caudâ duplici, quand le sceau
    est pendant à une bande en double de parchemin passée
    au travers de la lettre, comme on fait dans toutes
    les expéditions importantes.

[Ajouts latins = 1704]

21 On appelle une Comete, l'estoile à la grande queüe,
    à cause de cette traisnée de lumiere qui suit aprés
    elle, dont les Philosophes n'ont pû encore expliquer
    la cause pour son immense estenduë, qu'on a
    vu aller jusqu'à 60. degrez
. On dit aussi par raillerie
    à ceux qui doutoient de quel genre elle estoit
    qu'il luy falloit regarder sous la queüe. La Comete
    n'a de queüe, que quand elle est occidentale
    au Soleil.

[Nota: Modifications importantes: la philosophie
naturelle à cédé la place à l'astronomie, avec
toutes ses précisions et l'autorité de Rohaut.]

[Cela commence en 1704. Après "60. degrez." on lit:
"On a dit aussi
par raillerie [...] sous la queüe." + ajout "Lorsqu'une
Comete [...] R
OHAUT." retenu par toutes les éditions
ultérieures.]
[2e suppression = 1701]
["Cometa crinitus & caudatus, vel stella." ajouté en 1704]

[Fur 1690 (al. 21) donne fautivement "on dit", que
Basnage 1701 (al. 14) corrige en "on a dit", correction
maintenue par 1721-1752, ce qui n'empêche pas Trév 1771
de revenir à la formule agrammaticale de Fur.]

13

 

 

 

 

14

En Astronomie, on appelle queue de comète, cette
    longue traînée de lumière qui suit la comète. Cauda.
    Comête à queue. Caudatus. Cette comète avoit la
    queue tournée vers l'orient. Lorsqu'une comète darde
    ses rayons vers l'endroit du ciel où son mouvement
    propre semble la porter, ses rayons s'appellent barbe.
    Au contraire, lorsqu'ils s'étendent vers la partie du
    ciel d'où sont mouvement propre semble l'éloigner, ils
    se nomment queue: & lorsqu'ils se répandent également
    à la ronde, on les appelle chevelure. R
OHAUT.
Dans le temps où l'on doutoit si comète étoit du
    genre masculin ou feminin, on dit par plaisanterie, que
    pour s'en assurer, il falloit lui regarder sous la queue.

[Modifications, dernier ajout et réarticulation = 1771]

[Cf. Acad dès 1718: "cette comete avoit la queue tournée
vers l'Orient.
"]

[Cf. Enc 1765: "Queue d'une comete, (Astronom.)"]

22 QUEÜE, en termes de Guerre, se dit de la partie
    de la tranchée qui est la plus esloignée à l'esgard
    des ennemis: c'est le lieu où on commence d'ouvrir
    la terre pour faire des approches, & où on laisse
    une garde de Cavalerie pour courir à la deffense
    de ceux qui travaillent à la teste de la tranchée,
    & en cas de sorties.
15 QUEUE, en terme de guerre, se dit de la partie de la tranchée
    qui est la plus éloignée à l'égard des ennemis:
    c'est le lieu où on commence à ouvrir la terre pour
    faire des approches, & où on laisse une garde de cavalerie
    pour courir à la défense de ceux qui travaillent
    à la tête de la tranchée, en cas de sortie. Obsidionalis
    accessûs pars remotior.

[Ajout = 1704]

23 QUEÜE d'un bataillon, c'est le rang du serre-file.
    Quand on fait la contremarche par files, les hommes
    de la teste du bataillon passent à la queüe. On
    appelle aussi la queüe de l'armée, l'arriere-garde:
    & ainsi on dit qu'on l'a prise en queüe, qu'on l'a
    chargée en queüe, qu'on a défait la queüe de l'armée.
16 QUEUE d'un bataillon, c'est le rang du serre-file. Quand
    on fait la contre-marche par file, les hommes de la
    tête du bataillon passent à la queue. Agminis pars
    extrema.
On appelle aussi la queue de l'armée, l'arrière-
    garde: ainsi on dit qu'on l'a prise en queue, qu'on l'a
    chargée en queue, qu'on a défait la queue de l'armée.

[Ajout = 1704]

25 QUEÜE, se dit aussi de la derniere partie des
    Corps, des Assemblées. On a veu les Processions
    du Recteur autrefois si longues, que la croix
    estoit à St. Denis, que la queüe estoit encore aux
    Mathurins. Ce Capitaine estoit à la teste d'un
    tel Regiment, il l'a quitté, & il est à la queüe d'un
    autre.

[Latin = 1704]

17 QUEUE, se dit aussi de la dernière partie, des derniers
    rangs d'un corps,
d'une compagnie. La queue
    d'une procession, d'une compagnie.
On a vue les processions
    du Recteur autrefois si longues, que la croix
    étoit à S. Denis, quand la queue étoit encore aux Mathurins.
    Ultimi. Il est à la queue du Parlement.

[Modification, suppression et autres ajouts = 1771]

[Cf. Acad "Compagnie" dès 1694]

26 QUEÜE, signifie aussi Suitte. Cette femme a
    toûjours cinq, ou six enfants à sa queüe. On n'aime
    point à recevoir chez soy les Grands Seigneurs,
    parce qu'ils ont une longue queüe, une
    grande suite de valets. Ce Conseiller a toûjours
    des solliciteurs à sa queüe, est toûjours environné
    de plaideurs.
Ce criminel est sauvé, on a
    envoyé des Exempts, des Archers à sa queüe,
    c'est à dire, pour le suivre & le prendre. Ce General
    a toûjours eu une armée en queüe qui l'a
    suivi dans sa retraite. On dit aussi, qu'un bon
    Chasseur est toûjours à la queüe des chiens, pour
    dire, qu'il les suit de prés.

[1704 ajoute après le premier exemple de Fur:
"Quinque vel sex pueris stipata incedit.";
il corrige "Ce criminel est sauvé" en
"Ce criminel s'est sauvé".
Alinéa gardé sous cette forme: 1721-1752.]

[Explicitation (modifications), élaboration (ajouts),
suppressions et réarticulation = 1771]

18

 

 
19

A LA QUEUE, EN QUEUE, signifie à l'extrémité, immédiatement
    après.
Il fut tué à la queue de la tranchée.
    Le bagage est à la queue. Ce régiment est à la queue
    des chariots. Ce chasseur est toujours à la queue des
    chiens, pour dire, qu'il les suit de près.
On dit encore en queue & à la queue, pour dire,
    aux trousses, à la poursuite de quelqu'un.
Ce Général
    a toujours eu une armée en queue, qui l'a suivi
    dans sa retraite. Les Exempts sont à la queue de ce voleur,
    il a le Prevôt en queue. Ces deux dernières phrases
    ne peuvent passer que dans le discours familier.

[1771 se rallie à la formulation d'Acad depuis 1694:
"    On dit aussi, A la queuë, en queuë,
pour dire A la suite, immediatement aprés. Il estoit à la
queuë de la tranchée, à la queuë des travaux. le bagage suivoit
en queuë, estoit à la queuë. ce Regiment estoit à la queuë des
chariots. Le repentir n'est pas loin du crime, il le suit
tousjours en queuë.

    On dit encore, A la queuë, en queuë, pour dire,
A la poursuite de quelqu'un, aux trousses de quelqu'un. Avoir
les ennemis en queuë. il a fait un mauvais coup, les Prevosts sont
à sa queuë. il a le Prevost en queuë. laissez-moy faire, je luy
mettray un homme en queuë qui le hastera bien d'aller.
".
Acad 1740 avait ajouté: "Les trois dernières phrases sont du
style familier."]

27 QUEÜE, se dit figurément en ce sens des affaires.
    Faisons si bien nostre transaction, que nous ne
    laissions point de queüe à nostre procés. Cet arrest
    est ambigu, il laisse encore une queüe à l'affaire.
    C'est un mauvais payeur, il fait toûjours quelque
    queüe, il laisse quelque chose en reste à payer.

[Cf. Acad depuis 1694:
"Queuë, se dit aussi fig. de la Suite d'une affaire."]

20 QUEUE, se dit figurément en ce sens de la suite des affaires:
    faisons si bien notre transaction, que nous ne
    laissions point de queue à notre procès. Ne supersit litis
    locus.
Cet arrêt est ambigu, il laisse encore une
    queue à l'affaire. C'est un mauvais payeur, il fait toujours
    quelque queue, il laisse quelque chose en reste à
    payer.

[Latin = 1704] [Autre ajout = 1771]

24 QUEÜE, se dit aussi des estendarts qui aboutissent
    en pointe. Autrefois les Escuyers portoient
    des pennons ou estendarts pointus, comme sont
    maintenant les guidons; & quand ils devenoient
    Bannerets, on couppoit la queüe de ce pennon
    pour faire un estendart quarré. Les pavillons des
    Chefs d'Escadre sur mer ont aussi une queüe, &
    sont fendus des deux tiers de leur hauteur.
21 QUEUE, se dit aussi des étendards qui aboutissent en
    pointes. Autrefois les Ecuyers portoient des pennons
    ou étendards pointus, comme sont maintenant les
    guidons; & quand ils devenoient bannerets, on coupoit
    la queue de ce pennon pour faire un étendard
    carré. Les pavillons des Chefs d'Escadres sur mer ont
    aussi une queue, & sont fendus des deux tiers de leur
    hauteur.
  [Item ajouté en 1701] 22 QUEUE. Terme de Relieur. C'est la partie du livre qui
    regarde la fin des pages. Rogner par la tête & par la
    queue.
  [Item ajouté en 1701] 23 QUEUE. Terme de Luthier. C'est un morceau de bois au
    bout de la table de certains instrumens où les cordes
    sont attachées. Cauda fidis. Queue de viole, queue de
    violon, queue de poche.
  [Item ajouté en 1721] 24 QUEUE ANNUÉE. Vieux nom d'une sorte de vers anciens,
    selon l'art de Rhétorique ancien. B
OREL.
28

 

 

 
29

QUEÜE D'ARONDE, est un terme de Charpenterie,
    qui se dit du plus fort des assemblages,
    quand on fourre une piece de bois dans une autre
    pardessus, ou à costé, ensorte qu'elle n'en puisse
    plus sortir, parce que l'entrée est plus estroite que
    le fond, comme on voit en la figure d'une queüe
    d'hirondelle.
On appelle aussi en termes de Fortification des ouvrages
    à corne à queüe d'aronde, quand ils sont
    de cette figure, & plus estroits par la gorge que
    par la face; & au contraire à contre queüe d'aronde,
    quand les faces sont plus petites que la
    gorge.

[Première suppression = 1701]
[2e suppression = 1743]

25 QUEUE D'ARONDE, est un terme de Charpenterie, qui se
    dit du plus fort des assemblages, quand on fourre une
    pièce de bois qui va s'élargissant par le bout, dans
    une autre pièce de bois, en sorte qu'elle n'en puisse
    plus sortir, parce que l'entrée est plus étroite que le
    fond, comme on voit en la figure d'une queue d'hirondelle.
    Securiculata fibula, securiculata subscus.
        On appelle en terme de fortification, des ouvrages
    à queue d'aronde, quand ils sont de cette figure, &
    plus étroites par la gorge que par la face.
Securiculata
    figula
[sic]; & au contraire à contre-queue d'aronde,
    quand les faces sont plus petites que la gorge.

[Ajouts = 1704, qui donne correctement deux fois
"securiculata fibula"]

  [Item ajouté en 1752] 26 QUEUE D'ARONDE. Terme d'Horlogerie. C'est une petite
    coulisse plate d'un côté, & ronde de l'autre. On emploie
    dans des queues d'aronde en plusieurs occasions dans
    l'Horlogerie. On en met une au nez de la potence d'une
    montre, pour faire l'échappement.
  [Item ajouté en 1721] 27 QUEUE BLANCHE. Albicilla. Non d'un oiseau, qui est une
    espèce de Pyrargus. Tout le champ de son pennage
    est d'une couleur qui tire entre le blanc & le cendré.
    Les extrémités de son vol sont noires, son ventre, son
    croupion & le dessus de sa queue sont entièrement
    blancs sans aucune tache; quand il vole, il a de l'air
    du héron par le battement de ses mahutes, & lorsqu'il
    le cesse, il vole en planant, & non pas à la manière
    des oiseaux de proie qui élèvent leur tête en volant:
    car celui-ci au contraire regarde la terre. On l'apperçoit
    plus souvent au lever, & au coucher du soleil:
    il vole les poules, les perdrix, les lapins & les
    lièvres, & fréquente l'orée des bois.
        Bellon fait mention d'une autre espèce nommée pareillement
    queue blanche, qui est d'un vol très-léger,
    & qui a le champ du pennage de même que celui du
    milan royal, duquel nous parlerons ci-après. Voyez
    encore J
EAN LE BLANC.
3 QUEÜE DE CHEVAL, est chez les Tartares &
    Chinois l'enseigne ou drapeau sous lequel ils
    vont à la guerre. Chez les Turcs, c'est un signal
    de bataille, quand il est sur la tente d'un
    General.

[1701 ajoute "C'est l'étendart qu'on
porte devant le Grand Visir, devant les Bachas
& les Sangiacs. Voyez au mot T
OUG.]
[1704 ajoute le latin]
[1721 ajoute: "M. de Tournefort dans son Voyage
[...] à trois queues de Cheval."]
[Le reste est ajouté en 1752]

[Cf. Acad depuis 1718:
"En parlant des marques de Dignité que les Visirs font porter
devant eux, on appelle Visir à trois queues, Le Visir
qui a droit de faire porter devant luy trois queues de cheval;
& quand l'Empereur des Turcs veut porter la guerre en quelque
endroit, Il fait exposer des queues de cheval."]

28 QUEUE DE CHEVAL, est chez les Tartares & Chinois l'enseigne
    ou drapeau sous lequel ils vont à la guerre.
   
Cauda equina, vexillum sub quo militant. Chez les
    Turcs, c'est un signal de bataille, quand il est sur la
    tente d'un Général. C'est l'étendart qu'on porte devant
    le Grand-Visir, devant les Bachas & les Sangiacs. Voy.
    au mot T
OUG. M. de Tournefort dans son Voyage,
    V. II, p. 27, a décrit ces queues de cheval, & en
    a donné la figure. Il y a des Visirs à une, & d'autres à
    trois queues de cheval. De la passion des Turcs pour
    les chevaux, est venu leur usage de prendre une queue
    de cheval
pour leur premier étendart. C'est un ouvrage
    à la main, qu'ils font de plusieurs queues jointes ensemble,
    & teintes en rouge, qui est surmonté en tête
    de quelque tissu de crin, & d'une grosse boule de cuivre
    doré. Les Begs font porter une de ces queues, les
    Bachas deux, les Grands-Beglerbegs trois, le Grand-
    Visir cinq, & le Grand Seigneur en campagne sept.
7 Il y a une herbe qu'on appelle queüe de cheval ou
    chevaline
. Voyez aspresle.

[Modifications, suppression et ajout = 1701]

29 QUEUE DE CHEVAL, en termes de Botanique, est une
    plante qu'on appelle autrement prêle, en latin equisetum.
    Voyez P
RÊLE.

[Nota: précision technique.]

20 En termes d'Astrologie, on appelle la teste ou la
    queüe du Dragon, les noeuds ou intersections de
    l'Ecclyptique par les cercles ou orbites des autres
    Planetes qui ont quelque latitude avec celle du Soleil,
    & ce sont les points où se font toutes les ecclypses.
    On figure ainsi cette queüe, . Les Astrologues
    la mettent dans tous leurs horoscopes,
    quoy qu'elle n'ait en effet aucune vertu.

[Latin = 1704]
[Ajout "Le noeud ascendant..." = 1721]

30 QUEUE DE DRAGON. En termes d'Astronomie, la tête ou
    la queue du Dragon, sont les noeuds, ou intersections
    de l'écliptique par les cercles, ou orbites des autres
    planètes qui ont quelque latitude à l'égard du soleil,
    & ce sont les points où se font toutes les éclipses. Le
    noeud ascendant s'appelle la tête du dragon, & le
    noeud descendant, la queue du dragon. Cauda draconis.

    On figure ainsi la queue du dragon . Les Astrologues
    la mettent dans tous leurs horoscopes, quoiqu'elle
    n'ait en effet aucune vertu.

[Ajout d'adresse et modification = 1743]

  [Item ajouté en 1721] 31 QUEUE DE DRAGON. Terme de Philosophie hermétique.
    C'est, selon Hermès, le mercure philosophal qui dévore
    la queue. D
ICT. HERM.
  [Item ajouté en 1721] 32 QUEUE BLANCHE DE DRAGON. En terme de Philosophie
    hermétique. C'est l'huile de mercure, ou la liquéfaction
    & huméfaction philosophiques: autrement c'est le
    mercure fermenté pour les imbibitions de la pierre
    blanche: c'est la teinture lunaire. D
ICT. HERM.
  [Item ajouté en 1721] 33 GROSSE-QUEUE. Nom d'une espèce de poire. Cauda crassa.
    Pyrum crassá caudâ.
La Quintinie met la grosse-
    queue
dans le troisième rang des bonnes poires, c'est-
    à-dire, de celles qui ont un grand parfum; mais
    qui sont sujettes à l'avoir renfermé dans une chair
    extrêmement dure, pierreuse, pleine de marc. P. III,
    p. 253.
Ailleurs, p. 322. Il dit que la grosse-queue,
    est de celles qui ont quelque bonté, & même quelque
    réputation en de certains endroits: mais qui doivent
    pourtant le céder à beaucoup d'autres.
 

[Item ajouté en 1701, sauf latin (ajouté en 1704), "Terme de Charpenterie &
de Menuiserie" et "lorsqu'il s'ouvre en forme de roue"
(ajoutés en 1771).]

[Cf. Enc 1765: "Queue de paon, nom que donnent les
Charpentiers & les Menuisiers... [...] & qui imite la
queue du paon lorsqu'il l'ouvre en forme de roue;"]

34 QUEUE DE PAON. Terme de Charpenterie & de Menuiserie,
    se dit de tous les compartimens de diverses formes
    ou grandeurs, qui dans les figures circulaires vont
    en s'élargissant depuis le centre jusqu'à la circonférence;
    & imitent en quelque sorte les plumes de la queue
    d'un paon, lorsqu'il s'ouvre en forme de roue. Cauda
    pavonis variegata.
13 QUEÜE, en termes de Maçonnerie, sont de grosses
    pierres qui servent à faire des liaisons en dedans
    des murs, qu'on appelle autrement boutisses.

[1701 = 1771 jusqu'à "... opposée au parement."
Après "boutisses.", 1704 ajoute un équivalent latin:
"Vinciendo adventitio parieti."]

35 QUEUE DE PIERRE, en terme de Maçonnerie, est le bout
    brut des
grosses pierres qui servent à faire des liaisons
    en dedans des murs, qu'on appelle autrement boutisses.
    La queue est opposée au parement. C'est le
    bout brut ou équarri d'une pierre en boutisse, qui est
    opposée à la tête ou parement, & qui entre dans le
    mur sans faire parpain. D
AVILER.

[Ajout "C'est le bout brut [...] DAVILER." = 1721]

  [Item ajouté en 1701] 36 QUEUE DE POURCEAU. Plante qui pousse une tige à la
    hauteur d'environ deux pieds, rameuse, cannelée. Ses
    feuilles sont plus grandes que celles du fenouil, divisées
    en trois parties dont chacune se subdivise en
    trois autres, semblables aux feuilles du chiendent; car
    elles sont étroites, longues & plates. Au plus haut des
    tiges croissent des ombelles fort larges, garnies de petites
    fleurs jaunes, à cinq feuilles disposées en rose.
    Ces fleurs sont suivies de fruits composés chacun de
    deux semences presque ovales, rayées sur le dos, avec
    les bords éguisés en feuillet, d'un goût âcre & un peu
    amer. Sa racine est grosse, longue, noire par dehors,
    verdâtre par dedans, rendant, lorsqu'on y fait des incisions,
    un suc jaune, d'une odeur de poix. En latin
    peucedanum majus Italicum. C B
AUH. La racine
    de la queue de pourceau, & son suc, sont propres pour
    l'asthme, pour la toux, la rétention d'urine, pour provoquer
    les mois aux femmes.
4 En termes de Manege on appelle un cheval queüe de
    rat
, quand il a la queüe degarnie de poil. On croit
    que les noeuds de la queüe servent à connoistre
    la sixiéme & la septiéme année du cheval, parce
    qu'alors les noeuds se relaschent.
37 QUEUE DE RAT. En termes de Maquignon, on appelle
    un cheval queue de rat, celui qui a la queue degarnie de poil.

[L'item de Fur, gardé par Trév 1704, disparaît par la suite
(1721-1743); il refait surface en 1752, sous la forme qu'il aura
en 1771 avec, en plus, le symbole d'un doigt qui montre,
en position initiale, et la marque de catégorie "subst." après
l'adresse.]

5 Queüe de rat ou arreste, se dit aussi des calus ou
    duretez qui viennent plus bas que le jarret à la
    jambe du train de derriere.
38 QUEUE DE RAT, ou arrête, se dit aussi des calus ou duretés,
    qui viennent plus bas que le jarret à la jambe
    du train de derrière. Calus, durities.

[Mise en capitales = 1701; latin = 1704]

  [Item ajouté en 1752] 39 QUEUE DE RAT. Terme d'Horloger. Sorte de lime qui
    n'a pas besoin de manche, parce qu'elle a une grande
    queue.
  [Item ajouté en 1752, sauf "Terme de Marine."] 40 QUEUE DE RAT. Terme de Marine. Cordages qui sont
    plus gros par le bout où ils sont attachés, & qui diminuent
    depuis les deux tiers jusqu'à l'autre bout qui
    se trouve dans la main des Matelots.
  [Item ajouté en 1771]

[Cf. Acad depuis 1718:
"On appelle Queue de renard, Une petite plante qui
ressemble à peu prés à une queue de renard et qui vient
ordinairement dans des terres humides."]

41 QUEUE DE RENARD. Petite plante qui vient ordinairement
    dans les terres humides, & qui ressemble à
    une queue de renard.
  [Item ajouté en 1721; il y a quelques différences entre
l'item de 1721-1752 et celui de 1771, essentiellement:
"Ils se plaisent à faire là leurs nids, qui sont quelquefois
découvèrts par les pasteurs & ceux qui gardent les chèvres,
qui vont chercher le sèrpolet, & les fines hèrbes desquelles
elles sont fort friandes. Quand cet oiseau est élevé du nid,
il chante parfaitement bien..."]
42 QUEUE ROUGE. Nom d'un oiseau. Cauda rubra. Coda
    rossa
en Italien. Cet oiseau est appelé queue rouge, à
    cause que cette partie paroît d'un rouge très-éclatant.
    Il fréquente pour l'ordinaire les montagnes escarpées
    de rochers, de précipices & d'écueils. Il se plaît à
    faire là son nid. Cet oiseau chante parfaitement bien,
    & son pennage est très-agréable à voir. Sa viande ordinaire
    est de la pâte, du coeur haché, comme pour
    les rossignols. Nous ne voyons pas de ces oiseaux en
    France. En Italie dans les pays de montagnes, il s'en
    rencontre. Il y en a de trois sortes; mais celui dont j'ai
    parlé a le chant le plus agréable. Le mâle a la poitrine
    rouge. Ces sortes d'oiseaux vivent jusqu'à huit ans.
  [Item ajouté en 1752] 43 QUEUE DE SOURIS. s. f. Cauda muris. Petite plante basse,
    qui pousse de sa racine des feuilles fort étroites, à-peu-
    près comme celle du gramen, épaisses, s'élargissant un
    peu vers leur extrémité. Il s'éleve d'entre elles de petites
    tiges grêles, rondes ou cylindriques, nues, portant
    à leurs sommités de petites fleurs à cinq feuilles,
    de couleur herbeuse. Il leur succede un épi oblong,
    grêle, approchant de celui du plantain, pointu, doux
    au toucher, & ayant la figure de la queue d'une souris,
    d'où elle a pris son nom, contenant des semences
    très-menues. Sa racine est composée de fibres déliées
    comme des cheveux. Cette plante a un goût âcre. Elle
    croît dans les champs entre les blés, dans les prés &
    dans les jardins. Les grenouilles en sont friandes. Elle
    est un peu astringente & dessicative.
  [Item ajouté en 1752] 44 QUEUE. Terme de Conchyliologie. C'est la partie intérieure
    d'une coquille, laquelle est plus ou moins longue.
    Il est essentiel de la distinguer d'avec le bec, qui
    est toujours fort court & recourbé.
  [Item ajouté en 1752, sauf "Terme de corderie."]

[Cf. Enc 1765: "Queue de chanvre, (Corderie.)"]

45 QUEUE DE CHANVRE. Terme de corderie. Paquet de
    filasse brute, dont les brins sont arrangés de façon que
    toutes les pattes ou l'écorce des racines sont du même
    côté. Gossipii rudis fascia.
  [Item ajouté par 1752, qui a aussi, après "Denebalezet,":
"qui a cette année 1722. 167 d. 48' de longitude;
c'est-à-dire, qu'elle est à 17 d. 48' de la Vierge."]
46 QUEUE DE LION. s. f. Cauda leonis. Terme d'Astronomie.
    C'est le nom d'une étoile de la première grandeur
    qui s'appelle autrement Denebalezet.
  [Le contenu global des deux alinéas de 1771 est donné en
un seul alinéa en 1752, à la formulation et au contenu
détaillé pourtant différents:
" Q
UEUE. s. f. En terme de Billard on appelle queue le petit
  bout de l'instrument qu'on tient à la main pour joüer
  au billard, qui s'appelle pareillement billard, aussi-bien
  que le jeu & la grande table tapissée de verd sur laquelle
  on le joüe. Le queue d'un billard est opposée à la masse.
  C'est ordinairement avec la masse que l'on joüe: mais
  quelquefois on joüe de queue. Il n'est pas permis de joüer
  de la queue sans le consentement de la partie, à moins
  qu'on n'en soit convenu en commençant de joüer. On
  fait quelquefois des parties toutes de queue. Il y aussi un
  instrument fait exprès pour ne joüer que de queue."]
47

 

 

48

QUEUE. Terme de billard. Instrument dont on se sert
    pour pousser les billes. C'est un bâton fait au tour,
    gros par un bout, & qui va en diminuant jusqu'à l'autre
    bout. On appuie le petit bout sur la main gauche,
    & en poussant avec la main droite, on chasse la bille
    en lui donnant un coup sec.
On appelle aussi queue la partie de l'instrument qu'on
    appelle billard, & qui est opposée à la masse. C'est le
    petit bout qu'on tient à la main quand on chasse la
    bille avec la masse du billard.

[Cf. Enc 1765: "Queue, s. f. (Paumier.) instrument dont
on se sert pour pousser les billes au jeu de billard. La
queue est un bâton de trois ou quatre piés de longueur,
fait au tour; elle est fort grosse par un bout, & va en
diminuant jusqu'à l'autre bout qui n'a pas plus d'un demi
pouce de diametre. On tient la queue par le gros
bout d'une main, & on en appuie l'autre extrémité sur la
main gauche, puis avec le petit bout on chasse la bille
en lui donnant un coup sec."]

  [Item ajouté en 1771]

[Cf. Enc 1765: "Queue, terme de Perruquier, mettre des
cheveux en queue, c'est attacher le derriere d'une
chevelure avec un cordon, & la couvrir depuis le haut
jusqu'en-bas en roulant tout-autour un long ruban."]

49 QUEUE. Terme de Perruquier. Mettre des cheveux
    en queue, c'est les attacher par derrière avec un cordon,
    & les couvrir d'un ruban qu'on roule tout autour.
  [Item ajouté en 1771]
[Cf. Acad 1762: "QUEUE, se dit encore d'Une
sorte de pierre à aiguiser."]
50 QUEUE. Sorte de pierre à aiguiser. L'Acad. écrit ainsi.
    Voyez Q
UEUX.
  [Item ajouté en 1752] 51 QUEUE DE RAMES. On appelle ainsi dans les métiers à fabriquer
    de la gaze brochée, ce qui tient les fourches,
    c'est-à-dire, les ficelles qui passent sur les poulies du
    cassin.
19 QUEÜE, signifie aussi un vaisseau qui contient un
    peu plus d'un muid, ou 54. septiers, à huit pintes
    le septier mesure de Paris, & le muid est de
    36. septiers. Ce mot en ce sens vient du Latin cupa.
    Cette mesure change selon les Provinces.
    On se sert de ces mesures à Orleans & en Champagne.

[Ajout = 1721]

52 QUEUE, signifie aussi un vaisseau qui contient un peu
    plus d'un muid, ou 54 setiers, à huit pintes le setier,
    mesure de Paris, & le muid est de 36 setiers. Ce mot
    en ce sens vient du Latin cupa. Cette mesure change
    suivant les provinces. On se sert de ces mesures à Orléans
    & en Champagne. Selon Borel, la queue est une
    mesure de vin contenant 48 setiers, qui valent 373
    pintes. Ce mot est usité en Normandie & en Picardie,
    & est corrompu de cuve.
  [Item ajouté en 1752]
[Cf. Acad 1740: "DEMI-QUEUE. subst. fém. Futaille
contenant la moitié de ce que contient une queue."]
53 DEMI-QUEUE. s. f. Futaille contenant la moitié de ce que
    contient une queue. A
CAD. FR.
31 QUEÜE À QUEÜE, est une phrase adverbiale,
    signifiant ce qui vient à la file & à la suite l'un de
    l'autre. Ce Maquignon a amené douze chevaux
    attachez queüe à queüe. Il est venu demi-douzaine
    de personnes queüe à queüe me demander à
    disner, c'est à dire, l'un aprés l'autre.
Les enfants
    ont un jeu qu'ils appellent à la queüe leu leu, quand
    ils se tiennent l'un l'autre par la robbe en marchant.
    Leu est un vieux mot qui signifioit autrefois
    loup, comme s'ils imitoient les loups, qui
    marchent ainsi à la queüe l'un de l'autre.
54 QUEUE-A-QUEUE, est une phrase adverbiale, signifiant ce
    qui vient à la file & à la suite l'un de l'autre. Continenti
    serie, perpetuâ serie, continente ductu.
Ce Maquignon
    a amené douze chevaux attachés queue-à-
    queue
. Les enfans ont un jeu qu'ils appellent à la queue
    leu leu
, quand ils se tiennent l'un l'autre par la robe en
    marchant. Leu est un vieux mot qui signifioit autrefois
    loup, comme s'ils imitoient les loups qui marchent
    ainsi à la queue l'un de l'autre.

[Latin = 1704] [Suppression = 1771]

30 Sans queüe, signifie aussi quelquefois, Absolument,
    & sans suite, c'est à dire sans adjouster de qualité
    ou autre designation particuliere. Quand on dit
    Monsieur, sans queüe, on entend le maistre de la
    maison. On le dit aussi du Frere Unique du Roy.
    Mr. le Prince, sans queüe, c'est le premier Prince
    du sang. Mr. L'Evesque, c'est l'Evèque du lieu
    où on est demeurant.
55 SANS QUEUE, signifie aussi quelquefois, absolument &
    sans suite, sans ajouter de qualité, ou autre désignation
    particulière. Absolutè. Quand on dit Monsieur,
    sans queue, on entend le Maître de la maison.
Herus
    sine addito.
On le dit aussi du frere unique du Roi.
    Monsieur le Prince, sans queue, c'est le premier Prince
    du sang. Monsieur L'Évêque, c'est l'Évêque du lieu où
    l'on est demeurant.

[Latin = 1704] [Mise en capitales de l'adresse = 1771]

32 QUEÜE, se dit proverbialement en ces phrases.
    Il viendra un temps où les renards auront besoin
    de leur queüe, pour dire, qu'il y a telles personnes
    qu'on mesprise, ou qu'on choque en en temps,
    dont ont aura besoin en un autre. On le dit aussi
    des chiens & des vaches. On dit aussi, qu'il
    faut que chacun garde sa queüe, pour dire, qu'il
    faut que chacun conserve son bien, par allusion
    à la fable d'un renard, qui ayant perdu sa queüe,
    voulut persuader aux autres de se coupper la
    leur. On dit aussi, Petit chien, belle queüe. Et
    on dit de ceux qui sont confus de ce que quelque
    chose ne leur a pas reüssi qu'ils s'en sont retournez
    honteusement la queüe entre les jambes; car
    c'est un signe de peur, de honte ou de lâcheté.
    Ce proverbe est tiré des loups & des
    chiens, dont les Latins ont dit, Degeneres
    canes caudam sub ventre reflectunt.
On dit
    aussi, qu'on escorche l'anguille par la queüe,
    quand on commence les affaires par où on
    les doit finir. On dit aussi, que c'est brider
    son cheval par la queüe, dans le même sens.
    On dit aussi, qu'il se faut defier de ces animaux
    qui ont deux trous sous la queüe, pour dire,
    des femelles. On dit aussi que le mal porte
    le repentir en queüe, pour dire, que les crimes
    ont de fascheuses suites. On dit aussi, Quand
    on parle du loup, on en voit la queüe, quand
    quelqu'un arrive dans une compagnie où on parloit
    de luy. Ce proverbe repond au Latin, Lupus
    in fabula
, parce que la presence de celuy
    qui arrive interrompt le discours qu'on tenoit de
    luy, & qu'on dit que celuy-là se taist qui à veu
    le loup. On dit aussi, que le venin est à la queüe,
    en parlant des affaires qui ont belle apparence,
    & dont la suite est fâcheuse. On dit d'un homme
    superbe & glorieux, que c'est un paon qui se mire
    dans sa queüe. Au contraire on dit d'un miserable
    qui a peine à vivre, qu'il faut qu'il tire le
    Diable par la queüe. On dit aussi de deux choses
    qui n'ont point de rapport. Cette queüe n'est pas
    de ce veau-là. On dit des choses qui sont perduës
    & abysmées, Vous n'en verrez plus ni
    queüe ni oreilles. On dit aussi d'une chose entierement
    défaite ou consommée, Il n'en est pas
    resté la queüe d'un. On dit aussi de ceux qui vivent
    delicatement, & qui font semblant de se
    mortifier, qu'ils se foüettent avec une queüe de
    renard. On dit aussi d'une personne qui manque
    de quelque chose, qu'il en est pourveu comme
    un singe de queüe. On dit aussi, Il n'y a point
    de plus empeschez que ceux qui tiennent la queüe
    de la poesle, pour dire, qu'il est plus difficile
    de gouverner, que de raisonner sur le gouvernement.
    On dit aussi, qu'on a pris un homme,
    une affaire par la teste & par la queüe, pour
    dire qu'on l'a tourné & examiné de tous les costez.
    On dit aussi, Commencer le Roman par la
    queüe, quand on ne dit pas les choses dans leur
    suite naturelle. Les Afriquains disent, Il est vaillant
    comme les lions d'Agla, à qui les veaux mangent
    la queüe.

[Cf. Acad depuis 1694:
"Et on dit, qu'Il n'y a rien de plus difficile à escorcher
que la queüe,
pour dire, qu'Ordinairement il n'y a rien de
plus difficile dans une affaire que de l'achever."]

56 QUEUE, se dit proverbialement en ces phrases. Il viendra
    un temps où les renards auront besoin de leur
    queue; pour dire, qu'il y a telles personnes qu'on méprise,
    & qu'on choque en en temps, dont on aura besoin
    en un autre. On le dit aussi des chiens & des
    vaches. On dit aussi, qu'il faut que chacun garde
    sa queue; pour dire, qu'il faut que chacun conserve
    son bien, par allusion à la fable d'un renard, qui
    ayant perdu sa queue, vouloit persuader aux autres de
    se coupper la leur. On dit aussi, petit chien, belle queue.
    Et on dit de ceux qui sont confus de ce que quelque
    chose ne leur a pas réussi, qu'ils s'en sont retournés
    honteusement la queue entre les jambes; car c'est une
    marque de peur, de honte ou de lâcheté. Ce proverbe
    est tiré des loups & des chiens, dont les Latins
    ont dit, degeneres canes caudam sub ventre reflectunt.
    On dit aussi, qu'on écorche l'anguille par la queue,
    quand on commence les affaires par où on les doit finir.
    On dit aussi, que c'est brider son cheval par la
    queue, dans le même sens. On dit aussi, qu'il faut se
    défier de ces animaux qui ont deux trous sous la queue;
    pour dire, des femelles. On dit aussi, que le mal porte
    le repentir en queue; pour dire, que les crimes ont
    de fâcheuses suites. On dit aussi, quand on parle du
    loup on en voit la queue; quand quelqu'un arive dans
    une compagnie où l'on parloit de lui. Ce proverbe répond
    au latin, lupus in fabula; parce que la présence
    de celui qui arrive interrompt le discours qu'on tenoit
    de lui; & qu'on dit que celui-là se tait qui a vû le
    loup. On dit aussi, que le venin est à la queue, en
    parlant des affaires qui ont belle apparence, & dont
    la suite est fâcheuse. On dit d'un homme superbe &
    glorieux, que c'est un paon qui se mire dans sa queue.
    Au contraire, on dit d'un misérable qui a peine à vivre,
    qu'il faut qu'il tire le diable par la queue. On dit
    aussi de deux choses qui n'ont point de rapport, cette
    queue n'est pas de ce veau-là. On dit des choses qui
    sont perdues & abymées, vous n'en verrez plus ni
    queue ni oreilles. On dit aussi d'une chose entièrement
    défaite ou consumée, il n'en est pas resté la queue
    d'un. On dit aussi de ceux qui vivent délicatement, &
    qui font semblant de se mortifier qu'ils se fouettent avec
    une queue de renard. On dit aussi d'une personne qui
    manque de quelque chose, qu'il en est pourveu comme
    un singe de queue. On dit aussi, Il n'y en a point
    de plus empêché que celui qui tient la queue de la
    poële; pour dire, qu'il est plus difficile de gouverner,
    que de raisonner sur le gouvernement. On dit aussi,
    qu'on a pris un homme, une affaire par la tête & par
    la queue; pour dire, qu'on l'a tournée & examinée
    de tous côtés. On dit aussi, commencer le Roman
    par la queue, quand on ne dit pas les choses dans leur
    suite naturelle. Les Africains disent, il est vaillant
    comme les lions d'Agla, à qui les veaux mangent la
    queue. On dit aussi, il y va de tête & de queue, comme
    une corneille qui abat des noix; pour dire, il s'y
    employe de toutes ses forces. On dit encore, quand
    il pense courir, la queue lui choit; pour dire, qu'il
    trouve toujours quelque chose qui arrête ses entreprises.
    On dit; c'est la queue à écorcher, pour dire, que
    c'est-là l'article le plus difficile.

[Premier item ajouté ("On dit aussi, il y va de tête...")
= 1701] [Autres ajouts = 1752]