[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 316]
QUE, [prononcez Ke, e muet: les Gascons
et les Provençaux mal élevés prononcent Ké,
é fer. C'est une des faûtes les plus comunes dans les
Provinces méridionales.] Cette particule est tantôt pronom
relatif, et tantôt conjonction.
I. Elle se met pour l'accusatif: 1°. de
qui; car qui ne s'emploie dans ce câs que quand il est
régi par des prépositions, en qui, sur qui,
avec qui, etc. Mais quand c'est un verbe, qui le régit à
l'acusatif, alors il faut nécessairement se servir de que, qui
se met toujours avant le verbe, qui le régit: "Le Prince, que je
sers: la femme qu'il a épousée: les énemis,
que vous craignez: les Mûses, que cultive, etc.
S'il est suivi d'une voyelle, il perd l'e final et prend une
apostrophe: le livre qu'il a lu: l'état qu'elle a
embrassé. == 2°. Il est acusatif de lequel: "L'homme,
que Dieu créa à son image et non pas, lequel, etc.
== De quoi, sur-tout dans les interrogations: "Ce que j'ai
résolu: il n'est rien que je ne fasse: que voulez-vous?
que demandez-vous, etc. Dans ce dernier câs, il est
pronom absolu. Il est de tout genre: mais il se dit seulement des
chôses. Quand il s'agit des persones, on emploie qui: "Qui
demandez-vous? == 3°. Quoique l'emploi naturel du pronom relatif
que soit d'exprimer un acusatif, il y a pourtant des façons de
parler, autorisées par l'usage, où il tient lieu tantôt du
datif: "C'est à vous que je parle, pour, à
qui je parle; tantôt de l'ablatif: c'est de cette somme
que je vous demande le payement, au lieu de dont, ou, de
laquelle REST. Dans cette phrâse, que sert-il? il est mis
pour le datif ou l'ablatif de quoi: "De quoi ou à
quoi sert-il?
Et l'aride vertu, limitée en soi-
même
Que sert-elle? qu'à rendre un malheureux
qui l'aime
Encor plus malheureux.
| Rousseau.
|
Rem. L'amour de la clarté demande qu'on
place le que relatif tout près de son substantif, et
l'ôreille est acoutumée à ne rien entendre qui les
sépare. M. l'Ab. d'Olivet blâme ces vers de
l'Iphigénie de RACINE:
La Reine permettra que j'ôse
demander
Un gage à votre amour, qu'il me
doit acorder.
|
On dirait en prôse: La Reine permettra que j'ôse demander à
votre amour un gage qu'il me doit acorder. L'inversion de Racine
est dûre, même en vers. D'Olivet. J'ajouterai que,
pour peu qu'on manque d'atention, en entendant lire ou déclamer ces
vers, on croit que c'est l'amour, et non pas le gage qu'on doit
acorder, parce que le que raltif est placé immédiatement
aprês amour. -- On a relevé la même faûte dans
les Bermécides.
Moi-même prês de lui,
voisin du rang suprême,
Qu'il comble de faveurs, qu'il honore et
qu'il aime.
|
Ces trois que paraissent se raporter à rang
suprême, et non pas à moi-même. C'est une minute
gramaticale, dira t'on; mais c'est l'observation de ces minuties, qui
sone de l'aisance et de la clarté au style. Ann. Litt. Voyez
QUI, n°. 4°. à la fin. == Que
relatif ne doit pas se raporter à deux noms diférens, dont l'un
est régissant, et l'aûtre régi. "Ils s'autorisent dans
cette censûre amère, des désordres des hommes
puissans, que leur élévation rend publics, et
l'impunité plus hardis. Linguet. Que régit
publics, qui se raporte à désordres, et
hardis, qui se raporte à hommes puissans. C'est aussi une
faûte contre la netteté du discours que de mettre plusieurs
que de suite, qui ne se raportent pas au même nom.
Bonheur fatal, dangereuse fortune,
Et que le Ciel, que souvent
importune,
L'avidité, etc.
| Rouss.
|
Le 1er que se raporte à fortune, et le 2d,
à ciel. Cela fait un mauvais éfet en prôse;
à plus forte raison, en vers. == que, pronom
interrogatif, fait marcher le nominatif aprês le verbe.
Régulièrement, on doit dire: qu'avaient donc à
craindre ses enfans (de Cromwel) et non pas, comme dit
d'Avrigni: "que ses enfans avoient-ils donc à
craindre? -- Ce dernier tour, peu régulier, est familier à
Neuville: "Que Dieu nous montrera t'il alors, que ce que
nous voyons aujourd'hui?
[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 317]
Que Dieu nous dira-t'il, que ce que
nous lui donnons droit de nous dire? Il serait plus régulier de dire:
qu'est-ce que Dieu nous montrera alors, etc. Qu'est-ce que
Dieu nous dira? etc. Mais qu'est-ce que est lâche et
traînant; et si l'usage consacrait le tour employé par
Neuiville, il serait plus favorable à l'éloquence:
aujourd'hui, il parait encôre dur et sauvage, parce qu'on n'y est pas
acoutumé. -- Delà cette règle, que: le pronom
que ne peut jamais servir pour le nominatif, qu'il ne soit joint
à être, et à ce: "Que doit-il (Dieu)
aux hommes? que leur apartient-il? Sév. Le 1er
que va bien; il est acusatif; mais le 2d est irrégulier,
étant nominatif. Il faut: qu'est-ce qui leur apartient? -- Il
parait que cette faûte a été produite par l'analogie avec
les phrases suivantes! que vous faut-il? que vous manque-t-il?
Mais là que est régime; il est nominatif,
et le verbe est impersonel. == Quand le que relatif est employé
dans un sens interrogatif et négatif tout à la fois, il
faut mettre les deux négations ne et pas. C'est à
quoi a manqué souvent P. Corneille. En voici un exemple.
Que ne permettra-t'il a son
ressentiment?
| Polieucte.
|
Il falait: que ne permettra-t-il pas, etc. == Que,
régissant le génitif (la prép. de) avant
l'adjectif, signifie quelle chôse: "Que dit-on de
nouveau, d'intéressant Wailly. == Il se met devant un
infinitif, pour rien à. "Il ne sait que faire,
que dire: que est là aussi pour quoi, quelle
chôse. Mais Th. Corneille remarque fort bien que ce tour
n'est bon que lorsque le verbe est sans régime; et il n'aprouve
pas la phrâse suivante, aportée pour exemple par Vaugelas:
n'ayant que répondre aux reproches de, etc. Il faut alors
se servir de rien à: n'ayant rien à
répondre, etc. == * Anciènement on disait que tout
seul, pour ce que.
Ce monstre vraiment
déplorable,
Qui n'avoit jamais éprouvé
Que peut un visage d'Alcide.
| Malherbe.
|
Le repos du siècle où nous
sommes,
Va faire à la moitié des hommes
Ignorer que c'est que le fer. | Id.
|
On dirait aujourd'hui, ce que peut, etc. Ce que c'est, etc. ==
M. de Wailly cite deux phrâses, où que tient la
place de, par laquelle. avec laquelle: "Si l'exercice de cette
importante charge laissoit autant de loisir à M. le Chancelier qu'il a
d'estime pour vous, le Conseil rendroit ses Arrêts par la
même bouche que sa Majesté rend ses oracles. Le
Maître. "J'ai reçu votre lettre avec toute la satisfaction
que l'on doit recevoir cet honeur. Voiture. -- Mais dabord, la
dernière phrâse me parait mal construite: on ne trouverait
guère de pareilles phrâses dans de bons Auteurs. Ensuite, dans la
première, le que surprend moins, parce qu'il est aprês
même; mais le que aprês même, est un
que conjonction, et non pas un que relatif; et cette conjonction
ne modifie les verbes que par ellipse. M. de Wailly dit lui-même,
que dans cette phrâse: C'est en Dieu que nous devons
mettre toutes nos espérances, et autres semblables; que n'est
point relatif, mais conjonction. == Dans ce vers d'Andromaque:
Me voyoit-il de l'oeil qu'il me
voit aujourd'hui?
|
Que est à la place de dont. On dirait en prôse,
dont il me voit aujourd'hui. L. Racine. == qui se met
quelquefois avec le que relatif. Exemple: "C'est une espèce de
systême politique, formé par le consentement des peuples, et
qu'il seraoit à souhaiter qui subsistât en son entier.
Fonten. == * Que pour dont, est un gasconisme fort comun
parmi le peuple, dans les Provinces méridionales. "Tout ce que j'ai
besoin: la chôse que vous m'avez parlé, etc.
"C'est une chôse que je ne me souviens pas: ce que
je vous avais averti; le couteau que je me sers, etc.
etc.
II. que est aussi conjonction, ou, comme
Vaugelas l'apèle, conjonctive: elle se met, 1°.
entre deux verbes, et elle régit le second au subjonctif ou à
l'indicatif, selon le verbe qui précède. Par exemple, les verbes
qui expriment le desir, la volonté, le comandement, la prière,
le doute, l'ignorance, la crainte, l'étonement, etc.
régissant le verbe qui est aprês que, au subjonctif. "Je
souhaite qu'il réussisse: je veux qu'il
viène sur le champ: j'ordone qu'il soit puni: je
doute qu'il veuille le faire, etc. -- Les verbes qui
expriment la croyance, l'assurance, la persuation, l'aveu, etc.
régissant le verbe, qui suit que à l'indicatif,
dans la phrâse afirmative, et le subjonctif dans la phrâse
négative ou interrogative. "Je crois, j'assûre, je
me persuade, j'avoûe qu'il le peut: je ne crois
pas, ou croyez-vous qu'il le puisse? et ainsi des
aûtres.
Rem. 1ment, quant aux premiers que quand ces
verbes ont un régime, on ne doit
[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 318]
pas se servir de que avec le
subjonctif, mais de l'infinitif, précédé de la
prép. de. On ne dit pas, je vous prie que vous me
fassiez cette grâce: Je lui ai ordoné qu'il
vînt: mais on dit: Je vous prie de me faire cette
grâce: je lui ai ordoné de venir. == 2ment: Quand
le verbe qui précède est au présent, il faut mettre aussi
le verbe qui suit, au présent du subjonctif: Je veux qu'il
viène; mais si le 1er verbe, ou autrement le verbe
régissant, est à tout autre tems, le verbe régi doit
être mis à l'imparfait du subjonctif: je voulais que
vousssiez; j'aurais voulu qu'il s'en allât, etc. Dans
plusieurs Provinces, et même dans la Capitale, on met toujours le
présent, quel que soit le tems du verbe qui précède. Non-seulement le peuple, mais les honnêtes gens y disent: Je
voulais qu'il viène; il falait que je m'en
aille; au lieu de dire, qu'il vint, que je m'en
allasse. * Mde. de Sév. a fait elle-même cette
faute, qu'on peut qualifier de faûte grossière. "Nous
avions été deux heux heures ensemble, avant
que les autres femmes soient éveillées. Il falait:
fussent éveillées. == 3ment. Vaug. remarque que
plusieurs répètent mal-à-propôs la conjonction
que dans la même phrâse et pour le même objet. "Je ne
saurois croire qu'aprês avoir fait toute sorte d'éforts...
pour venir à bout d'une si grande entreprise, qu'elle lui puisse
réussir, lorsqu'il l'a comme abandonée. Le 2e
que est inutile. Il faut dire, elle lui puisse
réussir, parce que le verbe puisse est régi par le
premier que, quoique éloigné. Que si la phrâse
était trop longue, il ne faudrait répéter le que
qu'en répétant le verbe qui le régit: Je ne saurais
croire, dis-je, qu'elle puisse, etc. Mais ces
répétitions et ces dis-je rendent le discours lâche
et pesant. Il vaut mieux couper ces phrâses trop longues, et prendre un
autre tour.
2°. que se met élégamment
devant un infinitif, à la place de rien à. "Il n'a que
faire de se mêler de cela: vous n'avez qu'à
répondre, etc. Vaugelas. 3°. Il se met aprês
plus, si, tant, autant, tant s'en faut,
etc. Plus sage que vous, plus heureux qu'il ne
pensait: il est si fou, qu'il lui arrivera du malheur: vous en
ferez tant que vous vous atirerez à la fin quelque
disgrâce: "Tant s'en faut que je m'en repente, que je veux
recomencer. Observez, par raport à ce dernier, que le que
doit être redouble. Remarquez aussi que ce que, aprês un
comparatif, s'il est entre deux infinitifs, doit être suivi de la
prép. de: "Il vaut mieux se taire, que de parler.
buf. == * Quand cette conjonction que est régie par des
adverbes de comparaison, il faut répéter aprês, les
mêmes prépositions qui sont auparavant. "Cette étroite
alliance n'est pas tant fondée sur les
intérêts naturels de ces deux États, que la crainte
de la puissance Françoise. Hist. des Stu. Il falait: que sur
la crainte, etc. == 4°. que se joint à plusieurs
autres conjonctions; tandis que, lors que, à mesure
que, à condition que, etc. Voyez ces mots à leur
place. Mais remarquez que ces conjonctions ne se répètent pas en
entier, et qu'on se contente de répéter le que: on ne dit
point: afin que vous voyiez, et afin que vous jugiez; mais on
dit: afin que vous voyiez et que vous jugiez, etc. Buf.
== * 5°. On mettait autrefois que aprês un participe, pour
lorsque. "Arrivé qu'il fut, arrivé
qu'il était, pour dire, lorsqu'il fut arrivé, ou
étant arrivé. Cette façon de parler ne vaut rien
du tout, et il y a long-tems que l'usage l'a proscrite. == 6°.
que se met toujours devant les troisièmes persones de
l'impératif: que chacun prène sa place:
qu'ils arpochent. -- Fasse et puissent sont
exceptés; on dit, sans que: "Fasse le ciel que,
etc. Puissent ces avis vous faire rentrer en vous-même!
etc. == Il se met aussi au comencement de la phrâse dans les
exlamations: que je trahisse mon ami: que je consente
à ce forfait! == 7°. Il sert pour afin que:
Aprochez, que je vous parle; pour combien: oh! que
vous êtes bon! "Hélas! que je crains qu'il ne soit mort!
Télém. que la justice de Dieu est terrible! == * Bossuet et Racine, employant que de la sorte, font
pâsser; l'un le régime devant le verbe, l'aûtre le verbe
devant le nominatif. "Que redoutable est le glaive que le Fils de Dieu
lui a mis dans la main!
Que tarde Xipharès! et
d'où vient qu'il difère
A seconder les voeux, qu'autorise son
père?
| Mithrid.
|
Dans le 1er exemple, il faut: que le glaire, etc.
est redoutable. Dans le 2d, au lieu du point d'exclamation, un Critique
propose d'en mettre un d'interrogation: alors que signifiera
pourquoi: que tarde Xipharès? Mais dans cette
construction, il n'en est pas des noms, comme des pronoms; et quoiqu'on
dise: que tardez-vous? que tardons-nous? TÉLÉM. il
n'est pas parmis de dire: que tarde Pierre? que tarde Monsieur
ou Madame? Il
[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 319]
faut dire: pourquoi Pierre ou Monsieur
tarde-t'il? Pourquoi Madame tarde-t'elle? Ainsi, l'on dira:
que ne le faisait-il? On ne dira pas: que ne le faisait
Alexandre? Il faudra dire: ce grand Conquérant, cet
Alexandre, que ne le faisait-il? -- Que si cette conjonction
que s'emploie en exlamation et dans le sens de combien, il faut
que le nom et le pronom même, sujet de la phrâse,
précède le verbe: "qu'il tarde d'arriver! Que mon fils
tarde de venir! etc. == Que, signifiant combien, a le
régime de cet adverbe.
Que de sang répandu!
que de triste ravage!
Je vois régner la force et triompher la
rage!
|
On ne dirait pas, combien de triste ravage, au singul. On ne doit cond
pas le dire avec que. C'est la rime qui a produit ce solécisme.
On objectera que, sang répandu est aussi au sing. mais on
dit, combien de sang répandu: on peut donc dire, que
de sang. == Avec le mot fois, on ne doit pas se servir de
que, dans le sens de combien. On dit, combien de fois, et
non pas, que de fois. On le trouve pourtant chez les Poètes;
mais c'est une licence qui ne doit pas tirer à conséquence pour
la prôse.
Que de fois, partageant mes
naissantes alarmes,
D'une main fraternelle essuya-t'il mes larmes?
| Racine.
|
Avec combien de fois, il faut dire, n'essuya-t'il pas. ==
8°. Que se met pour sans que: il ne sort point,
qu'il ne s'enrhume; pour depuis que: il y a huit jours qu'il
est parti; pour et cependant: il serait le plus brâve des hommes,
que je ne le craindrais pas; pour à moins que: je ne
partirai pas que tout ne soit réglé; à la place de
pourquoi: que n'obéissez-vous? que ne faites-vous
ce qu'on vous dit?
Que parlez-vous du Scythe et des
mes cruautés?
|
Pourquoi parler; seroit moins vif. L.
Racine. -- Remarquez qu'on retranche pas dans ce tour de
phrâse. "Si cet Écrivain avoit aperçu ses bevûes,
que ne les corrigeoit-il pas? L'Abé Des Font. Ce
grand Critique eut une forte distraction, quand il écrivait
cette phrâse. Il faut dire, que ne les corrigeait-il? ou bien,
pourquoi ne les corrigeait-il pas? == 9°. Que se met
aussi pour quoique: tout habile homme qu'il est;
pour étant ou comme: rempli qu'il était de
se spréjugés; c. à. d. étant rempli, ou,
comme il était rempli, etc. Vaugelas condamne ce dernier
emploi de que conjonction. Voyez plus haut. * n°. 5°. ==
10°. On le met encôre pour quand même: "L'univers
entier serait sa possession, qu'il sentiroit toujours qu'il se
dégrade. Massill. c. à. d. quand même
l'univers seroit, etc. Il sentiroit toujours, etc. "La
honte et l'oprobre en seroient le prix (de la vertu) devant les hommes,
qu'elles n'en paroîtroit que plus belle et plus glorieuse
à l'homme de bien. Id. == 11°. On met que tout seul
pour lorsque. "Que le Prince soit juste et craignant
Dieu, la justice et la vérité suffiront alors pour soutenir un
Trône qu'elles mêmes ont élevé. Id. c.
à. d. Lorsque le Prince sera juste, etc. ==
12°. Dans le si redoublé, que se met
élégamment à la place du 2d: si vous y retournez,
et que l'on s'en plaigne à moi, est mieux que de
répéter le si, et de dire, et si l'on s'en
plaint à moi: ce que régit le subjonctif. --
que se met pour si, d'une autre manière. "Que sa
vengeance n'intéresse point son honeur, elle ne sera plus indigne
de sa vertu. Mass. c. à. d. si sa vengeance
n'intéresse point son honeur, il ne la croira plus indigne de sa
vertu. -- Que régit aussi alors le subjonctif. == 13°. On
emploie que après la négative, pour signifier
seulement: je ne veux que lui; il n'y a que
cela: il ne faut le faire que demain, etc. Mais 1ment, il
faut que la négation soit exprimé: "L'esprit du peuple est trop
borné, dit le P. Rapin, pour être touché de
l'éloquence, que par ce qu'elle a de sensible. Il devait
dire: l'esprit du peuple est três-borné, et n'est
touché, etc. que par, etc. -- 2ment; dans ce tour de
phrâse, on retranche pas Quelques-uns l'expriment mal à
propôs. "On ne doit pas même se servir des desseins,
ni des pensées des aûtres que quand on peut les tranformer
en son esprit, pour se les faire (rendre) propres. Le Père
Rapin. Retranchez pas, et dire: on ne doit se servir des,
etc. que quand, etc. == 14°. * Autrefois on
redoubloit que, pour tant... que: "que bien que
mal; c. à. d. tant bien que mal: "Il y a eu mille
soldats, que morts, que blessés; c. à. d.
tant tués que blessés. L'Académie
aprouvait ces expressions dans le style fam. L. T. Elle les a suprimées
dans la dern. édit. == Presque toutes ces phrases sont des
gallicismes; c. à. d. des constructions propres de la Langue
Française, contraires aux règles comunes de la Gramaire,
mais autorisées par l'usage. == 15°. En voici encôre une
dans ces vers de Racine.
Je ne sais qui m'arrête, et
retient mon courroux,
[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 320]
Que par un promt avis de tout ce qui se
passe,
Je ne coure des Dieux divulguer la
menance.
| Iphigénie.
|
III. Que, à la tête d'un premier
membre de phrâse, sert, avec le verbe qu'il régit, comme de
nominatif au verbe du 2d membre. "Qu'Aaron acorde la vie au fils
de Barmécide, en faveur du père, cela n'est pas
tout-à-fait incroyable; mais qu'il pardone à Saëd et
à Sémire, et qu'il marie à Amorassan une Princesse
Ommiade, qu'il a tant de raison de soupçoner, c'est une
extravagence. Ann. Litt. C'est comme si l'on disait, l'action
d'acorder, etc. n'est pas incroyable: mais l'action de
pardoner et de marier est une extravagance. == Quelquefois, dans
cette construction, que n'est qu'une conjonction, qui
précède le verbe, au lieu de le suivre. "Que vous ayiez
fait cette sotises, vous qui vous piquez de tant de raison, c'est ce que je
ne puis concevoir; c. à. d. je ne puis concevoir que vous
ayiez fait, etc. "Que telle fût la destination de ce
secours, cela est prouvé par les Ordonnances. Moreau: c.
à. d. il est prouvé par les Ordonances, que telle
était, etc. -- On voit que dans ce tour de phrâse,
l'indicatif est changé en subjonctif. On dit, dans la construction
ordinaire, il est prouvé que telle était la
destination, etc. et dans cette construction inverse, que telle
fût la destination, etc. cela est
prouvé.
IV. Aprês que, comparatif, on doit
changer, au 2d membre, les câs obliques en nominatif. Le Gendre
dit: "En conservant toute l'estime dûe à un aussi
excellent ouvrage, qu'aux Sentimens de l'Académie sur le Cid. Il
falait, que les Sentimens, etc. en sous-entendant sont ou
le sont; à un aussi excellent ouvrage que le sont les
Sentimens, etc. Ainsi l'on dira: j'adopte tous les éloges qu'on
fait d'un aussi excellent ouvrage que l'Athalie de Racine, et
non pas, que de l'Athalie.
V. C'est une faûte que de mettre un trop grand
nombre de que dans une phrâse, sur-tout quand on entremêle
les que pronoms avec les que conjonctions.
Que: La réalité est bien plus complexe: A1 donne les deux expressions sans marque; A2 seulement que bien que mal "du style familier"; A3 que bien que mal "Il est vieux."; A4 que bien que mal "Il est fam.". Ensuite: A5 = A4; A6-7 que bien que mal "Cette locution vieillit."; l'item manque A8.
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