SEPTIEME LIVRE D'ARCHITECTURE DE MARC VITRUVE POLLION.
[LO] NOz predecesseurs non moins sagement que profitablement,
instituerent que par la composition des livres on laisseroit a la
posterité le fruict de toutes bonnes inventions industrieuses, afin
que les louables exercitations ne perissent, ains qu'en croyssant aage
apres autre, tous bons Artz et Sciences au moyen de l'ampliation des
escritures perveinsent de degré en degré au souverain but de doctrine,
et se conservassent a perpetuité. A ceste cause nous ne leur devons
seulement rendre graces moyennes, mais immorteles, et infinies,
consideré qu'ilz ne nous ont rien caché par Envie ou mauvaise
affection, ains ont esté curieux et ententifz a nous laisser par leurs
volumes les intelligences de toutes disciplines. A la verité si ces
bons personnages n'eussent usé de tele cordialité en nostre endroit,
jamais n'eussions peu entendre queles choses furent faictes a la
guerre de Troye, ny queles opinions eurent des choses natureles,
Thales, Democrite, Anaxagoras, Xenophanes, et le reste des Physiciens:
non (certes) queles fins ont prescrittes aux hommes, Socrates, Platon,
Aristote, Zenon, Epicure, et autres excellens Philosophes. Aussi
eussions nous ignoré les gestes de Cresus, d'Alexandre, de Darius, et
de plusieurs grans Roys, mesmes qui les esmeut a faire leurs
vertueuses entreprises, n'eust esté que cesdictz bons Ancestres nous
en ont laissé des commentaires, enrichiz de sentences doctes, tant
afin de perpetuer iceulx grans Seigneurs, que pour exercer noz
memoires, et les decorer de coustumes honnestes. Voyla pourquoy lon ne
sauroit assez specifier quantes et queles graces il leur convient
rendre, ny au contraire, dire combien sont a blasmer ceulx qui
desrobent leurs traditions, et impudemment cherchent d'en faire leur
propre: car telz Cabasseurs ne s'ozent appuyer sur ce qu'ilz inventent
de leurs fantasies, ny se fyer a leurs ouvrages maigres et steriles,
mais par Envie, joincte a meurs depravees, en vilipendant les labeurs
d'autruy, se ventent d'avoir faict merveilles: dont ilz ne sont
seulement a reprendre, ains pour ce crime detestable, dignes d'estre
chastiez asprement, voire aussi bien qu'iceulx noz devanciers
tesmoignent avoir esté faict sur quelzques malheureux pour semblables
delictz: chose qui n'est (a mon advis) maintenant hors de propos
d'estre rememoree, afin de donner a congnoistre queles ont esté les
corrections de ces pillars.
Estans les Roys Attaliques dominateurs en Asie, stimulez des
singulieres doulceurs qui proviennent de la Philologie, ou art de bien
parler, ilz dresserent en la ville de Pergame une Librarie excellente
pour la commune delectation de leurs subgectz, et en ce mesme temps le
Roy Ptolemee regnant en Egypte, espris d'une extreme jalousie de leur
gloire, et meu d'un ardant desir qu'il avoit aux lettres, delibera
d'en faire une autre en sa bonne ville d'Alexandrie, non inferieure en
aucune qualité a la susdicte de Pergame: et de faict, apres avoir a
toute diligence mis la main a l'oeuvre, estima que c'estoit peu de
cas, s'il ne donnoit ordre a y pourvoir de bonnes semences dont la
cueuillette feust profitable a l'avenir. A ceste cause il institua des
Jeux au Dieu Apollo et aux Muses: puis tout ainsi qu'il y a pris pour
les Athletes ou Lutteurs, ne plus ne moins ordonna il certains
loyers honnorables, pour les bons espritz qui obtiendroient victoire,
dont il resortiroit quelque utilité au commun peuple. Or estant ces
choses bien establies, et le terme des Jeux approchant, il falut elire
des Juges sages et garniz de bonnes lettres, pour decider des ouvrages
qui seroient miz sur les rengz en ce combat: de quoy le Roy s'estant
acquité a son possible, jamais ne seut trouver entre son peuple sinon
six hommes qui feussent mettables pour tel effect, telement qu'il
estoit en grande peyne d'un septieme: parquoy se meit a en consulter
avec ces six eleuz par luy, leur demandant s'ilz congnoissoient aucun
qui feust suffisant d'accomplir et perfaire leur nombre. Aquoy ilz
respondirent, qu'n certain Aristophanes pourroit bien employer ses
jours a lire songneusement les livres amassez, pour les rediger en
ordre: dont le Roy fut merveilleusement satisfaict, et le feit
admettre en leur congregation: ou estant constitué, et le jour des
Jeux escheu, il s'en alla seoir en la place qui luy estoit assignee.
Puis estans les Poetes appellez au premier choc, ce pendant qu'ilz
recitoyent leur oeuvres, le Peuple demonstroit par indices apparens
ceulx qui luy estoient agreables: et quand ce veint a en demander les
opinions aux Juges, les six dirent tous l'un comme l'autre, adjugeans
le premier pris a celluy qu'ilz congneurent avoir plus delecté la
multitude, le second au deuxieme, et ainsi consequemment de tous les
autres. Mais quand ce veint au susdict Aristophanes, il fut de
sentence entierement contraire, et prononcea que celluy des Poetes qui
n'avoit aucunement pleu a l'assistance, devoit avoir l'honneur de la
journee: dont le Roy et chacun furent grievement offensez. Quoy voyant
icelluy Aristophanes, se leva en piedz, et obtint par prieres qu'il
luy feust loysible de faire entendre qui l'avoit meu. Alors tout le
monde faisant silence, il persista, que celluy qu'il disoit, se povoit
estimer Poete: et tous les autres, usurpateurs des ouvrages d'autruy:
adjoustant que l'office des Juges estoit d'approuver les inventions,
et non les larrecins manifestes. Adonc le peuple se print a esbahir de
tele magnanimité, et le Roy de sa part a faire doubte que ce repreneur
ne peust venir a bout de son entente: mais il estant pourveu d'une
heureuse memoire, pour confirmer son dire, tira de certaines Armaires
presque une infinité de Volumes, ausquelz conferant les Poesies qui
avoient esté recitees, contraignit ceulx qui s'en emparoient, a
confesser par leurs bouches, comment ilz les avoient desrobees. au
moyen de quoy le Roy ordonna sur le champ, que lon procedast contre
eulx comme contre larrons prouvez. et apres l'execution les chassa de
sa presence, a leur extreme honte et vitupere: puis feit plusieurs
beaux presens a celluy qui les avoit ainsi descouvers, et entre autres
choses le constitua chef de sadicte Librairie.
D'avantage quelzques ans apres, un oultrecuydé portant nom de
Zoilus, et se faisant surnommer Homeromastix, c'estadire fleau
d'Homere, veint en celle mesme ville d'Alexandrie, ou il recita devant
la majesté du Roy ses detractions contre L'Iliade et l'Odyssee: ce que
le bon Prince ne povant endurer, pource que le malheureux mesdisoit du
pere des Poetes, directeur de toute la Philologie, et par especial en
l'absence de celluy dont toutes les nations de la terre admiroient la
doctrine, il se retira en cholere, et ne daigna parler a luy: dont
advint qu'il apres avoir longuement demouré en Egypte, et consumé ses
deniers, se feit recommander a sa majesté, la suppliant treshumblement
qu'elle luy daignast ayder de quelque chose. A quoy lon dict qu'elle
feit ceste response, Homere est mort il y a mille ans ou environ, et
si a depuis perpetuelement substanté, et substanté encores pour le
jourd'huy, beaucoup de milliers de personnes qui font
profession de sa lecture. Parquoy il est raisonnable que celluy qui
s'estime de meilleur entendement, et plus grande science, puisse
subvenir non seulement a soy, mais a une infinité d'autres hommes. et
n'en sceut jamais tirer autre chose, si qu'il mourut en extreme
povrete. Toutesfois il est beaucoup de diverses opinions de sa mort:
car les aucuns tiennent qu'il fut condamné Parricide, c'estadire
meurdrier de son pere, et executé comme tel. Les autres disent qu'il
fut pendu en croix par le jugement de Philadelphe. D'autres, qu'il fut
lapidé: et quelzques uns, que lon le brula tout vif en la ville de
Smyrne. Quoy qu'il en soit, si aucune de ces mortz l'extermina, je dy
qu'il l'avoit bien meritee: et en cas pareil, que tout autre qui
s'attribue les sentences des Autheurs dont il n'entendit jamais
seulement les principes, est digne de semblable supplice.
Moy donc, quel qui je soye, O Cesar, en vous presentant ce mien
oeuvre d'Architecture, je ne tasche a supprimer les noms de ceulx dont
je me suis ayde, pour m'attribuer leurs louenges: et ne veuil deprimer
les inventions de personne, pour exalter les miennes oultre le devoir,
ains remercye universelement toutes manieres d'escrivains, qui ont
siecle apres autre, exercité leurs industries, pour prester de leur
abondance a ceulx de la posterité, ayans desir d'escrire leurs
conceptions: ce qu'ilz ont faict a moy, qui comme puyseur d'eau en
leurs fontaines, et l'appliquant en mes usages, ay rendu ceste matiere
plus fertile, et ma diction plus copieuse. Parquoy (Sire) en faisant
Pavoys de ces Autheurs, j'oze bien prendre la hardiesse de laisser
sortir ces miens labeurs en lumiere, ainsi comme celluy qui a eu franc
aller et franc venir en leurs possessions, ou je me suis fourny des
choses qui m'ont semblé convenables a mon intention, et par ou j'ay eu
les adresses pour ne fourvoyer en ceste Campagne, en laquelle j'ay
faict comme Agatharchus, lequel a la suasion d'Eschylus son
precepteur, commencea devant tous en Athenes, a convertir la Tragedie
en Scene, laissant aux successeurs les moyens de faire comme luy:
telement que Democrite et Anaxagoras se trouvans stimulez de suyvre
ceste route, escrivirent en mesme stile la practique de Perspective,
donnant a entendre comment il fault par raison naturele, estant
constitué un centre, y faire correspondre toutes lignes procedantes du
poinct de la veue, selon la portee de ses rayons: et ce pour et afin
que la platte paincture appliquee pour ornement aux Scenes,
representast des apparences de bastimens relevez: et que certains
traictz miz en superficies plaines, semblassent les uns approcher, et
les autres se reculer.
Apres ces deux Philosophes dessus nommez, Silenus feit un livre des
symmetries et proportions Doriques. Aussi Theodore escrivit de la
formation du Temple de Juno basty en Samos selon icelle maniere
Dorique. Consequemment Ctesiphon et Metagenes donnerent a entendre
l'ordre de celluy de Diane en Ephese. Puis Phileus traicta de l'autre
dedié a Minerve, lequel est en la ville de Prienne, edifié a la mode
Ionique. Plus Ictin et Carpion traicterent aussi du Temple d'icelle
Minerve erigé dedans le Chasteau d'Athenes: et Diodore de Phocée
specifia particulierement le Thole (c'estadire Pinnacle ou Lanterne)
de celluy d'Apollo en Delphos, non obstant qu'aucuns veulent dire que
c'estoit de la chambre des Archifz ou se gardent les escritures. Philo
parla aussi des symmetries et proportions d'iceulx Temples, et de
l'Armurerie qui avoit jadis esté au port de Pyree, pres ladicte ville
d'Athenes. Semblablement Hermogenes descrivit le Temple de Diane situé
a Magnesie en Asie, que luy mesme avoit faict Ionien Pseudodipterique:
et avec ce ne voulut taire celluy de la ville de Teo en
Paphlagonie, qui estoit Monoptere, ou a un reng de Colonnes, dedié a
Liber pater, qui est Bacchus. Apres Argelie declara queles estoient
les symmetries de Corinthe, et la facon du Temple d'Esculapius,
construict en la ville de Tralles, a la mode Ionique: et dict on qu'il
en avoit esté le conducteur. Aussi Satyre et Phyteus escrivirent du
Mausolee ou sepulcre du Roy Mausolus, dominateur en Carie, et mary de
la Royne Artemisia. Veritablement une felicité humaine a procuré
beaucoup de biens et de grans honneurs a ces Autheurs la, pourautant
que leurs inventions exquises sont et seront pour tout jamais
fleurissantes entre les humains, qui les reputent dignes de memoire,
consideré qu'elles causent plusieurs utilitez a toutes gens qui se
veulent mesler de bastir: comme aussi font les contentions de
Leochares, Bryaxes, Scopas, et Praxiteles, qui entreprindrent
souventesfois a l'envy l'un de l'autre, d'enrichir certaines faces de
murailles, dont il nous est venu tout plein de choses singulieres.
Toutesfois quelzques uns estiment que Timothee estoit de la partie: et
de cestuyla je puis bien dire que l'excellence de son art, a faict
renommer ses ouvrages entre les sept Miracles de ce monde. Mais
encores en a il esté de moindres, qui ont donné certaines regles pour
observer les proportions des symmetries, comme Nexaris, Theocydes,
Demophile, Pollis, Leonidas, Silanion, Melampus, Sarnac, et Euphranor:
puis d'autres ingenieux qui ont traicté des Machines, comme Cliades,
Architas, Archimedes, Ctesibius, Nymphodore, Philo de Byzance,
Diphilus, Democles, Charidas, Polyidos, Phyros, Agesistrate, et
autres, des volumes ou commentaires desquelz j'ay tiré et reduict en
un corps toutes les particularitez qui m'ont semblé plus necessaires:
ce que j'ay faict expres, pour avoir consideré que les Grecz ont
escrit beaucoup de livres d'Architecture, et noz Latins si peu que
rien. Si est ce qu'n certain Fuffitius se proposa le premier d'en
faire un volume que seroit admirable. Aussi Terence Varro, entre les
neuf sciences qu'il a traictees, en feit un volume: et Publius
Septimius deux: mais oultre ce n'est apparu qu'aulqu'n s'en soit voulu
entremettre, nonobstant que noz Citoyens antiques ayent esté si
excellens Architectes, qu'ilz en povoient donner des regles
singulieres, et les coucher en stile non moins elegant que profitable.
Qu'il soit vray, au temps que les bons ouvriers, Antistates,
Calleschros, Antimachides, et Porinos, edifioient en Athenes le Temple
de Jupiter Olympique, dont Pisistratus fournissoit la despense, ces
Maistres feirent sans plus les fondemens: car advenant la mort du
Prince, ilz furent contrainctz par les troubles et dissensions de la
Republique, de laisser l'ouvrage imperfect: qui demoura ainsi environ
deux cens ains: lesquelz expirez, Antiochus delibera de continuer les
fraiz pour achever ceste besongne: et de faict appella un certain
Cossutius Citoyen Romain, lequel s'en acquita treshonorablement, au
moyen de son grand savoir et industrie, d'autant qu'il feit selon la
grandeur du pourpris la collocation des colonnes en ordre Dipterique,
puis asseit dessus les Architraves et autres ornemens, par si bonne
symmetrie, qu'il n'y avoit que redire: et de la vient que cest ouvrage
n'est seulement estimé du populaire, ains est loué par les plus
entenduz entre le petit nombre des magnifiques dont lon faict
honnorable mention, pourautant que celle maison sacree est disposee en
si bon ordre, et si bien enrichie de Marbre en ces quatre costez, que
cela leur a donné des noms propres, qui sont encores a present
celebrez par louable renommee, veu mesmement que leurs excellences, et
les discretes inventions qui veindrent en la fantasie de cest
Architecte pour leur donner la grace qu'il convenoit, se font bien
admirer jusques aux sieges des Dieux immortelz. En cas pareil
le Temple de Diane en Ephese fut jadis commencé a la mode Ionique, par
Ctesiphon de Crete et Metagenes son filz: mais depuis lon dict qu'n
Demetrius dedié au service d'icelle Deesse, et un Peonius d'Ephese,
l'acheverent en grande sumptuosité. Davantage ce mesme Peonius, et un
Daphnis de la ville de Milete, feirent celluy du Dieu Apollo, en
symmetries Ioniques. Puis Ictin bastit a la facon Dorique, en la Cité
d'Eleusie, celluy de Ceres et de Proserpine, qui estoit de grandeur
esmerveillable: et n'y voulut point de Colonnes par dehors la Nef,
afin que plus aysement lon peust approcher des sacrifices. Toutesfois
quand Demetrius Phalereus auditeur de Theophraste, fut constitué
seigneur d'Athenes, ou il regna dix ans, et ce pendant fut honnoré de
trois cens soixante statues d'Arain qui furent dressees en sa louenge,
un certain Philon mettant des Colonnes en sa face de devant, le rendit
Prostyle, et en l'agrandissant d'un Avantportail, donna aysance aux
entrans et sortans, mesmes adjousta souveraine authorité a l'ouvrage.
Lon dict aussi que le dessus nommé Cossutius, entreprint de faire en
Asty le Temple de Jupiter Olympique de modules ou mesures fort amples,
et de symmetries Corinthiennes, teles que cy dessus est escript. Ce
neantmoins lon ne treuve point qu'il ayt laissé aucuns commentaires de
sa doctrine: et ne fault dire que tele chose soit seulement desiree en
cest ouvrier, ains aussi bien en Caius Mutius, lequel se confiant de
sa grande science, feit le Temple d'Honneur et de Vertu, en la maison
qui souloit estre de Marius, ou il observa telement les symmetries des
Colonnes et Architraves, que lon peult dire qu'il suyvit legitimement
les institutions de ceste practique. Et a la verité si cest edifice
eust aussi bien esté de Marbre, et que les fraiz de la matiere luy
eussent donné autant de reputation et d'auctorité que l'industrie, il
seroit maintenant nommé entre les premiers et principaux ouvrages de
ce Monde.
Puis donc (o Sire) qu'il se treuve que noz predecesseurs n'ont esté
moins grans Architectes que les Grecz, mesmement assez de nostre
memoire, et que peu de ceulx la en ont faict des volumes, j'ay pensé
qu'il ne seroit raisonnable de m'en taire, ains en chacun des miens
exposer par bon ordre toutes les particularitez requises en cest
endroit: et pource que j'ay desja en mon Sixieme depesché les raisons
des edifices privez, en cestuy cy qui tient le septieme lieu,
j'enseigneray les manieres des embellissemens, donnant a entendre par
quele voye ilz auront bonne grace avec longue duree.
DE LA RUDERATION DICTE REPOUS, OU
placquement de Mortier meslé de Brique ou Tuyles concassees avec Glaire
ou quel que autre Cyment pour faire Terrasses.
Chap. I.
[LO] AVant toute oeuvre je parleray de la Ruderation, qui tient le
premier lieu entre les ouvrages de polissure, afin que le Masson
entende comment il doyt rendre les Aires solides, par une curiosité
conjoincte a industrie et prudence.
S'il fault terrasser a Rez de Chaussee, tastez premierement si le
plant est ferme par tout, et puis le mettez a l'uny: apres gettez
vostre composition dessus pour la premiere crouste de l'Aire. Mais
s'il y a quelzques Croulieres, prenez garde a les combler
songneusement par remplissage de Paliz.
Toutesfois quand ce viendra aux Planchers des estages,
donnez ordre a ce que les paroys, si elles ne montent jusques au plus
hault, ne soyent mises pour soustenance du pavé, ains qu'estant
relaschees par separations distinctes, chacune porte son entablement:
car si elles sont toutes d'une venue, quand iceulx entablemens se
viendront a retirer en sechant, ou bien a s'affaisser par trop grand
poix, encores que l'edifice demeure en solidité, si est ce que
necessairement il s'y fera des entr'ouvertures tant a droict, comme a
gauche.
Aussi fault il adviser a ce que lon ne mette en besongne des
planches d'Escueuil parmy celles de Chesne, pourautant que lesdictes
de Chesne incontinent qu'elles sont imbibees de l'humeur, se regettent
et gauchissent terriblement: qui est cause de faire des fendasses aux
planchers. Mais si vous ne pouviez finer d'Escueuil, et le besoing
vous contraignoit a employer de ces planches de Chesne, mon opinion
est qu'elles doyvent estre faictes a la Sye les plus tenves que lon
pourra, consideré que moins auront elles d'espoysseur, et tant plus
facilement seront rendues subgettes par les cloux dont on les
attachera. Puis sur chacune des solives soit une de ces planches
clouee a bons cloux par ses deux boutz, afin qu'elles ne se puissent
cambrer de nulle part. ce faisant, tout succedera bien. Mais si vous
les y mettiez d'Erable, de Fau, ou de Farne, qui est aussi une autre
espece de Chesne, l'ouvrage ne sauroit gueres longuement durer.
Apres donc que voz entablemens seront faictz, si vous avez de la
Fougere seche, mettez en dessus: ou sinon, servez vous de Paille, afin
que vostre charpenterie soit contregardee des vapeurs du mortier:
pardessus lequel assiez vostre pavé de Caillou, si gros, que le plus
petit puisse pour le moins emplir la paulme de la main: et apres un
lict de cela, terrassez de vostre composition: laquelle si c'est de
matiere qui n'ayt jamais servy, une partie de Chaulx suffira contre
trois. mais si elle a autresfois esté en oeuvre, vous en mettrez deux
contre cinq, pour placquer vostre terrasse: laquelle ferez tresbien
piler ou batre par Manouvriers expres, afin qu'il s'en face une
crouste, qui estant achevee, ne porte moins d'un Dodrant despoysseur,
c'estadire neuf pouces, comprise en ce la charpenterie. puis par
dessus ceste la, encores ferez vous de rechief une escaille de Brique
pilee, mise avec du mortier, dont la mixtion sera d'une partie de
Chaulx destrempee, contre trois de ceste pouldre, a ce que ce
terrassement, excepté toutesfois ladicte Charpenterie, n'ayt moins de
six doygtz de mesure.
Sur ceste Escaille assiez a la regle et au nyveau vostre pavé, faict
de petites placques de pierre de diverses coleurs en maniere de
Marqueterie, qu'on dict ouvrage Musaique, ou de grandes Lozenges
esquarries: et quand tout cela sera bien ordonné, mesmes la superficie
conduitte en tele sorte, si elle est de Marqueterie, faictes la si
bien frotter qu'il n'y ait point d'eschellettes ou rabotemens en
sesdictes placques, soyent triangulaires, quadrangles, ou hexagones,
autrement a six faces, ains ayt la composition de cest assemblage son
plant uny ce qu'il sera possible d'estre.
Mais s'il est pavé de Lozenges esquarries, prenez garde a ce que
tous les angles s'entr'accordent, et ne soyent raboteux en aucun
endroit: car s'il advenoit que lesdictz angles ne feussent tous
egaulx, le frottement n'auroit pas esté faict ainsi qu'il appartient.
Pareillement si les pavez sont de Tuyle Tiburtine en facon d'espy,
il convient les polir diligemment, afin qu'il ne s'y treuve fosses ne
mottes, ains qu'ilz soyent tous uniz soubz la regle, et si bien
applaniez qu'il n'y ayt que redire.
Oultre ce frottement, et apres les polissures accomplies, criblez
pardessus du Marbre en pouldre, puis avec de la Chaulx et du
Sable enduysez en les joinctures de voz placques ou Lozenges, et les
en armez selon le devoir. Mais si vous voulez paver des Terrasses a
descouvert, n'oubliez a y faire tout ce qui est requis, pource que
quand les entablemens se viennent a enfler par l'humeur qu'ilz ont
beue, ou a se retirer par trop de hasle, ou bien quand ilz s'enfossent
et affaissent par la cambrure des Solives, cela par son emotion cause
de grans dommages au pavé: et d'avantage les gelees ou bruynes ne
permettent qu'il demeure long temps en son entier. Parquoy si la
necessité contrainct d'en faire a l'air, comme dict est, afin de
garder qu'il ne se corrompe, il y fauldra proceder comme s'ensuyt.
Quand vous aurez ja estendu un lict de planches sur les Solives,
mettez en encores pardessus un en travers, et les clouez tresbien a
bons cloux longz et fors, afin que ce soit un double defensif a vostre
Charpenterie. Apres meslez une tierce partie de Brique pilee et deux
de Chaulx avec vostre Ruderation faicte de fraiz, si que ces deux
correspondent a trois de Mortier, telement que le tout face cinq: et
quand vous aurez placqué de cela sur voz planches, faictes en
Terrasse: laquelle apres avoir esté pilee et conduitte ainsi qu'il a
esté par moy specifié, ne porte moins d'un pied d'espois. Cela faict
enduysez de rechef une Escaille ainsi comme il est cy devant escrit,
et pardessus assiez vostre pavé de grandes Lozenges de pierre
esquarrie, ou de quarreaux de terre cuytte d'environ deux doytz
d'espoysseur: puis levez un comble dessus, de dix piedz deux doytz. Ce
faisant, si vostre pavé est bien frotté et enduyt, jamais n'y aura
chose qui le puisse corrompre.
Toutesfois afin que la Charpenterie ne se gaste par les gelees qui
se pourroient mettre entre les joinctes de pierres ou quarreaux,
gettez tous les ans dessus, avant que l'yver commence, de la lye
d'Huyle, ou du Marc d'Olives, telement que la Terrasse en puisse estre
abruvee: et par ce moyen l'oingture ne souffrira que les bruynes y
puissent faire mal. Mais encores si vous y vouliez plus curieusement
besongner, fauldroit mettre pardessus la Terrasse, des tuyles plattes
de deux piedz en longueur, enclavees les unes dedans les autres par
petites feuillures et resortz d'un doy de large, puis enduire leurs
entrejoinctz de Chaulx destrempee avec de l'Huyle, et les frotter
selon ce que j'ay enseigné. Ce faisant, la Chaulx qui se durcira entre
les assemblages, ne permettra que l'eau ny autre liqueur puisse
penetrer atravers. Et quand ceste couche de tuyle sera faicte, donnez
luy encores une crouste de Mortier, laquelle soit bien entassee a
coupz de Pilons ou Battoers: et pardessus assiez vostre pavé tel que
bon vous semblera, comme de grandes Lozenges de pierre, ou de tuyle en
espy: mesmes levez sur tout cela un comble tel qu'il a esté cy devant
declaré, et vostre ouvrage ne secorrompra de long temps.
DU BROYEMENT DE LA CHAULX POUR FAIRE LES
oeuvres de Stuc, et d'incrustature. Chap. II.
[LO] APres que vous serez sorty de la besongne des Terrasses, il
fauldra penser aux ouvrages de Stuc, pour embellir et blanchir les
murailles: chose dont vous viendrez a vostre intention, si voz mottes
de Chaulx sont broyees long temps avant qu'il en soit necessité, afin
que s'il y en avoit quelzques unes qui ne feussent perfectement
cuyttes en la Fournaise, elles s'amendassent par le broyement
du Hoyau qui les pestrira en liqueur continuele: car si vous prenez de
la fraiche pour vous en servir avant qu'elle ayt esté ainsi maceree,
quand vous l'aurez enduitte sur voz paroys, il s'y fera des enflures
et crevasses a l'occasion des petitz cailloux cruz qu'elle contiendra
en soy: et si lon ne prend garde a cela, ilz feront par succession de
temps dissiper et tumber par grans placquars toute l'incrustature des
paroys: la ou si vous y donnez l'ordre que j'enseigne, et la preparez
curieusement pour mettre en oeuvre, il n'en viendra de long temps
faulte.
Or pour savoir si elle est delayee a suffisance, prenez une Congnee
de Charpentier, et comme lon faict des coepeaux de Merrien, trenchez
en vostre Chaulx dedans sa fosse. Adonc s'il y a des petiz cailloux
qui facent tourner le fil de la Congnee, estimez que la Chaulx n'est
pas temperee au devoir: mesmes si vous en retirez le fer net et sec,
ce sera signe que sa masse est debile et alteree: ou si elle est
grasse, et delayee comme il appartient, en s'attachant comme Glu
contre ce ferrement, elle se monstrera cuytte ce qu'il fault. Parquoy
apres avoir eschauffaudé, et faict provision d'instrumens necessaires,
besongnez en voz Conclaves a la disposition des planchers en voulte,
aumoins s'ilz ne doyvent estre Lacunaires, c'estadire a plat fons
audessoubz des Solives, pour estre ornez de compartimens, et autres
beaux ouvrages selon le plaisir du Maistre.
DE LA DISPOSITION DES PLANCHERS EN
VOULTE, ENSEMBLE DE L'INCRUSTATURE
DU DEDANS, ET DE LEUR
COUVERTURE PARDESSUS.
Chap. III.
[LO] QUand la raison requerra qu'il se face des Voultes, gouvernez
vous y en {Blanc} ceste sorte.
Voz aix soyent telement dressez, qu'il n'y ait plus de deux piedz
d'espace entre l'un et l'autre. Leur matiere soit de Cypres, s'il est
possible, pource que l'Avet se corrompt incontinent par pourriture et
vieillesse. mesmes apres qu'ilz seront distribuez selon la forme du
compassement, lyez les aux entablemens avec des estaches ordonnees, ou
les clouez al'encontre des toictz, avec bons cloux de fer: et ces
estaches se preparent de tel boys, que vermoulure, ancienneté, ou
humeur, ne leur puissent porter dommage. Prenez donques du Buys, du
Genevre, de l'Olivier, du Rouvre, du Cypres, ou autre semblable,
excepté de Chesne, pour amour que cestuyla en se regettant,
gauchissant, ou retirant de soymesme, est cause de faire entr'ouvrir
les ouvrages ou il est appliqué.
Lors estant voz aix arrengez, lyez al'encontre, des cloyes faictes
de Bruyere d'Espagne, ou Cannes de Grece applaties au maillet, ainsi
que la forme de la Voulte le desire, et pardessus gettez du mortier de
Chaulx et de Sable, afin si aucunes gouttes d'eau distilloient des
plus haultz planchers, ou du toict, qu'elles soyent soustenues au
moyen de ceste crouste. Mais si vous ne pouvez recouvrer des Cannes ou
Roseaux de Grece, faictes en cueuillir aux Maraiz, des plus menuz qui
se pourront trouver, et en tressez vozdictes Cloyes, taillees
a la juste longueur et largeur de la distance d'entre les aix.
Toutesfois prenez garde a ce qu'il n'y ait entre deux neux de leur
attachement, plus de deux piedz d'espace: et ainsi soyent elles
joinctes a voz aix, que ferez entrelarder de fiches de boys pour plus
grande fortification de l'oeuvre. apres observez toutes les autres
facons, suyvant ce qui a esté declare cy dessus, et vous vous en
trouverez bien.
Quand vostre voulte sera tyssue et mise en ordre, sa face de bas
soit placquee de gros mortier, puis surpouldree de Sable, et
finablement enduytte d'une crouste de farine de Croye ou Marbre, polye
a toute diligence.
Audessoubz doyt estre mise la Cornice, qu'il est besoing tenir
subtile et legiere, pource que si elle est lourde, sa pesanteur la
contraindra de se desjoindre d'avec le Mur, et ne se pourra bonnement
soustenir.
En la formation de ceste Cornice, gardez vous d'y mesler du Plastre
parmy le Marbre, mais la moulez tout d'une venue seulement de son
mortier, afin que s'il n'est besoing l'enrichir de quelzques ouvrages,
elle puisse secher tout a une foys aussi bien par dedans que par
dehors.
Toutesfois notez que la facon de faire des Anciens doyt estre
regettee en la disposition de ces Voultes, a raison que le grand
fardeau qu'ilz souloient faire porter sur le plat de ladicte Cornice,
est merveilleusement dangereux de ruyner.
Entre les especes d'icelles Cornices, il en est de toutes unyes, et
d'autres ornees de moulures: et de celles la les unyes se doyvent
appliquer aux Conclaves ou lon faict du feu, et ou s'allument
plusieurs lumieres, afin que lon les puisse plus facilement essuyer
par dehors. mais aux lieux destinez pour l'Esté, et aux Parloers ou
lon ne faict point de feu, au moyen de quoy la fumee n'y peult nuyre,
elles doyvent estre ornees de besongne de taille, pource que tousjours
l'ouvrage blanc, pour amour de la beaulte de sa lueur, ne prend
seulement la fumee de son propre edifice, ains l'attire des
circumvoysins.
Apres les Cornices mises en leur lieu, soient les paroys massonnees
de gros Mortier et aspre: et quand ceste main se commencera de secher,
rafraichissez la d'une autre pardessus, et formez les directions de la
seconde crouste si bien, que les longueurs soyent menées a l'uny soubz
la Regle, les haulteurs tirees au cordeau garny de Plomb, et les
coingz faictz correspondans aux deux branches de l'Esquierre. Ce
faisant, lon pourra paindre tout ce que lon vouldra, sur icelles
paroys, sans avoir crainte que l'ouvrage se gaste de long temps,
pourveu que de rechef et avant la paincture, quand ceste derniere main
de Mortier se commencera de secher, vous enduysez pour la seconde
foys, voire jusques a la tierce, les Incrustatures de matiere plus
fine l'une que l'autre, veu que tant plus sera sa direction espoysse,
tant plus aussi sera ferme, et longuement durable la solidité de ceste
Incrustature.
Toutesfoys il est a entendre, qu'a chacune main que le Masson
donnera de gros Mortier, fauldra qu'il la rehaulse de gros grain de
Marbre criblé, et que la matiere soit si bien temperée, que quand il
l'applanyera, elle ne s'attache a la Truelle, ains que le Mortier
laisse le fer pur et nect. adonc quand ce gros grain de Marbre se
commencera de secher, face encores une autre Escaille, ou il y en
mette du moyen: sur laquelle estant bien et deuement labourée et
polye, ainsi comme dict a esté, enduyse pour la tierce foys de la plus
fine fleur dudict Marbre qu'il aura peu sasser. et en ce
faisant, pource que la muraille se trouvera bien armee de trois
croustes, comme dict est, elle ne sera aucunement subgette a crevasses
ny autres inconveniens ordinaires: car estant bien entassee par les
coupz des Battoërs, et fermement enduitte avec les grains et fleur de
Marbre, quand le Paintre asserra ses coleurs dessus, elles auront un
lustre beau et agreable au possible: ce que ne leur avient quand on
les couche a fraiz sur des paroys humides: mais aussi elles y tiennent
a jamais, a raison que la Chaulx privee de sa liqueur naturele en
cuysant dedans la fournaise ou elle est subtiliee, et ses conduictz
renduz ouvers: comme contraincte par alteration, attire et recoit en
soy toutes choses humides qui viennent a la toucher: puis ce meslange
faict, mesmes apres estre imbibee des semences qu'elle attire d'autres
principes: adonc venant a durcir, en quelconque sorte d'ouvrage qu'on
la forme, son corps se faict tel qu'il semble proprement avoir ces
qualitez en son espece. et de la vient que les massonneries ou
incrustatures qui en sont faictes, ne se gastent jamais par antiquité
ny (qui plus est) quand on les touche, ne perdent la coleur qui leur a
esté une fois donnee, si ce n'est que l'Ouvrier s'en soit acquité trop
de legier, ou les ayt couchees a sec.
Quand donc icelles incrustatures seront enduyttes sur les paroys par
la maniere que dict est, elles pourront durer en vigueur jusques a
bien longue vieillesse, et d'avantage avoir un lustre dont il ne se
perdra tant soit peu. Mais s'il estoit que vous ne feissiez sinon une
crouste de mortier, surpouldree de menu grain de Marbre, cela par
estre tendre, se corromproit assez facilement, et si n'auroit jamais
bon lustre, a raison de l'imbecillité de sa crouste: car ne plus ne
moins qu'n Miroer d'argent forge d'une lame subtile, a sa lueur lente,
et sans gueres de force, mais au contraire celluy qui est faict d'une
temperature solide, et recoit en soy le polissement curieux, a ses
forces fermement luysantes: ainsi les incrustatures formees de matiere
debile, ne sont seulement subgettes a crevasses, ains a se dissiper en
peu de temps, ou les autres qui sont fondees en abondance de mortier
et grain de Marbre, quand on les polit par divers maneuvres, ne se
monstrent sans plus luysantes, ains (qui mieulx vault) acquierent tele
proprieté, qu'elles regettent au naturel les figures de ceulx qui les
regardent, aussi bien que feroit une glace de Miroer. Et de la vient
que les Massons de Grece usans de ces facons de polir, ne rendent
seulement leurs ouvrages fermes, mais les font luysans le possible.
Aussi a la verité, apres avoir placqué le Mortier de Chaulx et de
Sable confuz ensemble ilz louent des Manouvriers expres, pour battre a
qui mieulx mieulx, et faire entasser a coupz de Battoer leurs
incrustatures, qui en prennent lustre avec fermeté bien grande.
Voyla certes comment ilz en besongnent: parquoy la matiere en
devient si polye, que plusieurs en couppent et tirent de grandes
placques hors des vieilles murailles, pour s'en servir en lieu
d'Ardoizes a trasser les characteres d'Arithmetique, ou autres figures
a leur fantasie, pourautant que la susdicte crouste est de tele
nature, qu'elle se peult accommoder a cest effect, et rendre davantage
la representation des personnes qui passent par aupres.
Mais si vostre volunté estoit de getter ceste incrustature
sur aucuns pans de fust qui necessairement s'entr'ouvrent pour amour
des lattes droittes et croysantes dont ilz sont tressez en maniere de
Cloyes, consideré qu'il est force que lesdictes lattes s'abbreuvent et
enflent d'humidité quand on les placque de Hourdiz, puis au secher se
retirent de tous costez, qui est cause de faire crevasser les
murailles: pour eviter cest inconvenient, il vous fauldra faire comme
s'ensuyt.
Quand toute la paroy aura esté placquee, il vous y fauldra clouer
pres a pres des roseaux secz, avec bons cloux a latte, puis de rechef
hourder ainsi qu'il appartient: et si vozdictz premiers roseaux sont
clouez en travers, en remettre d'autres droictz par dessus. Cela
faict, vous placquerez de mortier et grains de marbre, suyvant ce que
j'ay desja dict: et par ce moyen le double ordre d'iceulx roseaux,
attaché a ces pans de fust, ne permettra jamais qu'il s'y puisse faire
entr'ouvertures ny crevasses.
DES POLISSEMENS EN LIEUX HUMIDES. Chap. IIII.
[LO] CY dessus a esté monstré par quele practique se doyvent faire
les incrustatures en lieux secz: parquoy maintenant exposeray comment
il les fault faire en lieux humides si bien qu'elles puissent
longuement durer sans se corrompre.
Premierement en tous conclaves ou membres de maison qui seront a rez
de chaussee, metez y en lieu de terrasse ou lict de Repous, des
tuyleaux et des briques, la haulteur de trois piedz ou environ, afin
que ceste partie qui devra estre pavee, et ses quatre murailles qui
seront pour recevoir l'incrustature, ne soyent corrompues par
l'humidité. Mais s'il estoit qu'aucune des paroys suyntast
perpetuelement, faictes en une autre autant reculee d'elle, que la
commodité du lieu le pourra permettre: et entre ces deux mettez y une
goutiere arrivant plus bas que le nyveau du parterre, laquelle ayt son
esgoust en quelque lieu bien ample: et laissez aussi un souspirail au
hault d'icelles deux murailles: car s'il n'y en avoit point par hault
ny par bas, ceste nouvelle paroy ne serviroit de rien, et ne
laisseroit a se dissiper. Adonc quand cela sera despeché, semez vostre
muraille de Repous de tuyle par dedans oeuvre, puis y donnez tous les
maneuvres de Mortier, et de grain de Marbre: mesmes la polissez ainsi
comme j'ay enseigné par cy devant, et l'effect vous en succedera
tresbien.
[FIGURE]
Toutesfois si le lieu ne portoit que lon y peust faire
ceste contremuraille, appliquez un Canal en la vostre, dont les yssues
respondent en place spacieuse: puis sur l'un des costez du bord assiez
des Tuyles de deux piedz de large, et en l'autre soyent construittes
certaines piles ou masses de Brique de huict poulces de longueur, sur
lesquelles les coingz desdictes Tuyles puissent poser, toutesfois en
sorte qu'elles ne soyent distantes plus d'un palme hors de la paroy.
puis soyent dressees les Tuyles a ourlet, et continuees depuis le bas
du mur jusques au hault, et leurs parties interieures curieusement
surfondues de Bray, ou Poix a calfretter Navires, afin que l'eau ne se
puisse tenir dessus, ains qu'elles la regettent d'elles mesmes: sans
oublier aussi a faire les souspiraux tant au bas comme au hault de la
muraille, audessus dela voulte.
[FIGURE]
Apres prenez de la Chaulx destrempee seulement d'eau claire, et
en blanchissez voz paroys, a ce qu'elles recoyvent le Repous de Brique
ou Tuyle concassee: car pour amour de l'alteration que ladicte Chaulx
a raportee de la fournaise ou elle a esté cuytte, les murailles ne
peuvent recevoir ny retenir ce Repous, si la Chaulx subgette ne
conjoinct toutes les matieres ensemble, les contraignant a se lyer
l'une avec l'autre.
Quand donques vous aurez bien enduit ce Repous, en lieu de Gravier
gettez dessus de la pouldre de Tuyle pilee: et ne faillez a y donner
toutes les facons qui ont esté dictes cy dessus en la formation des
incrustatures. Et quant a la beaulté de leurs polissemens, elle doyt
avoir ses practiques requises a l'accomplissement de decoration, afin
que la dignité y soit gardee convenable aux lieux ou ces
enrichissemens se devront faire, si qu'elle ne soit estrange, et hors
de la diversité des especes acoustumees.
Ceste composition n'est propre pour les Salles et Chambres ou lon
menge en yver: ny aussi n'est la Megalographie, qui vault autant a
dire comme paincture de grand coust, ou bien ornee de grans
personnages, asavoir Dieux, ou Hommes heroiques, Batailles, Fables, et
autres semblables: mesmes n'y est requise la despense des Cornices
faictes de Stuc, et ouvrees de moulures, ou besongne de taille
singuliere, pourautant que cela seroit incontinent corrompu ou de la
fumee du feu, ou de la suye des diverses lumieres que lon y met
ordinairement. Mais en ces lieux les sieges et Dressoers doyvent estre
noirciz d'Atrament, puis entez de tables de pierre Bize, ou {on} de
Porphyre portant coleur de Cinnabre.
Quand les murailles de ces Salles ou Chambres auront esté
polyes ainsi qu'il appartient, ce ne sera chose desplaisante que de se
renger a faire les Pavez pour l'yver, a la mode des Grecz, qui n'est
de grand despense, mais profitable et commode a merveilles.
Premierement ilz fouillent et creusent le plant environ deux piedz
en profond, et le pilottent et planchent d'aix, ou remplissent de
fagotz ainsi comme ilz entendent: apres gettent dessus du Repous de
piere, Terrasse, ou Quarreau bien recuyt, et donnent quelque peu de
pente a leur pavé, de sorte qu'il a son esgoust respondant au Canal
servant d'Evier. Cela faict, encores mettent ilz dessus un lict de
Charbon pilé: puis avec bon Mortier de Chaulx et de Sable meslé de
Suye, ou de paille de Fer, font une crouste unye a la regle et au
nyveau, portant demy pied d'espois, laquelle ilz commandent lisser
songneusement avec une Mollette a broyer coleurs: et parainsi leur
pavé devient noir et de bon lustre: qui a tele proprieté, que quand
ilz font des Bancquetz ou Festins en icelles salles basses, si lon
respend du Vin ou de l'eau dessus, ou bien si lon y crache,
incontinent que l'humeur y est tumbee, elle seche ou esvanouyt tout
aussi tost: et d'avantage si les serviteurs ou servantes y vont nudz
piedz, ja pourtant ne sont morfonduz sur ceste maniere de pavement.
DE LA RAISON DE PAINDRE EN EDIFICES.
Chap. V.
[LO] EN tous autres Conclaves destinez au Printemps, a l'Esté, et a
l'Autonne, les Antiques y ont ordonné certaines manieres de Paincture,
et de propres coleurs. Or n'est Paincture autre chose sinon la
representation d'une forme ainsi qu'elle est, ou bien qu'elle peult
estre, comme seroit d'un Homme, d'un Edifice, d'un Navire, et autres
teles figures, de l'apparence desquelles, et par ordonnances
expressives, lon faict les exemplaires approchans de sa similitude. A
ceste cause iceulx Antiques qui ont institué les commencemens de ces
recreations de veue, premierement commencerent a faindre les
diversitez des incrustatures de Marbre, avec leurs applications en
besongne: puis contrefeirent les Cornices: apres se meirent a
representer les differentes distributions des placques de pierre bize
ou de Porphyre portant coleur de Cinnabre: et consequemment entrerent
en la practique de figurer des maisonnages, mesmes a imiter les
arondissemens des Colonnes, et les saillyes apparentes des Combles ou
Frontispices. Mais en lieux amples, comme Exedres autrement Parloers
garniz de plusieurs sieges tout al'entour, a cause de la grandeur des
paroys, ilz y designerent les frontz ou faces des Scenes a la mode
Tragique, Comique, ou Satyrique.
Aussi le dedans des Galleries ou Promenoers, ilz (a cause de leur
longue estendue) les enrichirent de passages garniz d'Arbres et
Sauvageaux, Fruittiers, Herbes, et semblables verdures, en exprimant
la vraye apparence de certains lieux a leur plaisir, comme Portz ou
havres de Marine, Promontoires, qui sont haultes Roches emmy les
undes, Rivages, Fleuves, Fontaines, Ruysseaux, Temples, Touches de
Boys, Montaignes, Troupeaux de bestail, et Pasteurs qui les gardoient:
mesmes en certains endroitz colloquoient des figures de Megalographie,
asavoir semblance de Dieux, explications de quelzques fables,
ou bien les combatz et escarmouches de la guerre Troyenne, puis les
erreurs d'Ulysses, et autres teles choses tirees du naturel,
representees en ces ouvrages par objectz quasi semblables. Mais ces
exemplaires que lesdictz Antiques contrefaisoient apres les choses
vrayes, sont maintenant hors de chance, par l'introduction des
mauvaises coustumes, car lon paindra plustost sur les incrustatures,
des Monstres ou fantasies impossibles, que certaines representations
de corporalitez estans en estre. Et qu'il soit vray, en lieu de
Colonnes on fera des Roseaux: et pour des Frontispices, aucunes
Harpyes, dont les queues declineront en floccars a costes, revestues
de feuilles crespelees, et de Volutes garnyes de Rosaces, ou y aura
des Candelabres supportans des desseingz de petiz Edifices, du comble
desquelz sortiront quelzques Rainseaux de feuillage, delicatz et fort
esgayez, qui porteront des figures de petiz Enfans assiz, ou faisans
plusieurs divers actes: mesmes des tiges d'icelles feuilles
procederont d'autres bouillons de fleurs, desquelles partira certaines
moytiez d'Animaux estranges a faces humaines, ou de bestes brutes a la
fantasie du Paintre, choses qui ne furent onques en nature, voire qui
ne sont, et ne sauroient estre. Toutesfois ces inventions nouvelles
nous ont menez a ce, que le jugement depravé ne faict plus compte de
la proprieté des artz. Mais je vous prie, comment pourroit un Roseau
naturelement soustenir le toict d'une maison? ou par quele maniere
porteroit le Candelabre un Edifice chargé d'Architrave, Frize,
Cornice, Frontispice, et autres telz paremens? ou bien comment sauroit
un Rainseau de feuillage tendre et delyé, servir de siege a des
Animaux fantastiques? ou produire de ses Racines et Rameaux des
bouillons de fleur gettans des demyes formes de bestes? Certainement
cela ne se peult faire. Ce neantmoins les hommes voyant ces
brouilleries faulses, non seulement ne les blament, ains s'en
delectent, et y prennent plaisir, ne daignant considerer si cela est
en nature, ou non. Parquoy les pensees obscurcyes par jugemens
debiles, ne savent approuver ce qui vient du naturel, et qui en
matiere de decorations doyt avoir authorité entre les ouvrages.
Sans point de doubte mon advis est que les Painctures sont
reprouvables, qui n'ont aucune verisimilitude, comme celles la qui se
disent maintenant Grotesques: et encores qu'elles soyent belles et
plaisantes par industrie artificiele, si ne les doyt on admettre sans
raisons apparentes, ayans povoir de les persuader tolerables a ceulx
qui vouldroient arguer a l'encontre: comme il se feit jadiz en la
ville de Tralles, ou un certain ouvrier nommé Apaturius d'Alabande,
feit le modelle d'une Scene en un petit Theatre, que les Tralliens
appellent en leur langue Ecclesiasterion.
Ce Maistre y planta en lieu de Colonnes, des figures d'Animaulx, et
contraignoit des Satyres a soustenir les Architraves, sur lesquelz
posoient des Tabernacles ou Lanternes rondes, dont les bordz de la
couverture avoient leurs saillyes respondantes sur les Cornices
enrichies de testes de Lyons pour Gargoules. Or quant a cela, toutes
ces particularitez se peuvent raisonnablement faire pour esgouter les
eaux du toict. Mais encores rehaulsa il son ouvrage d'une Surscene, en
laquelle y avoit aussi un autre Pinnacle, un beau devant d'edifice, un
demy comble ou faiste, et tous autres enrichissemens convenables a
rendre une oeuvre belle.
La presence de tele Scene plaisoit aux yeux de tous les habitans,
pour raison de sa nouveauté, si qu'ilz estoient quasi en termes de
l'approuver, et vouloir qu'il leur en bastist une ainsi: mais il
survint sur ces entrefaictes un certain Licinius Mathematicien, lequel
se print a dire devant toute l'assistance, que le peuple d'Alabande
sembloit estre assez expert en toutes occurrences civiles,
mais qu'il avoit esté jugé peu sage seulement pour un petit vice
d'inconvenience: car (dict il) en leur Gymnase, ou lieu des exercices,
toutes les statues qui y sont, semblent advocasser devant les Juges:
et toutes celles qui sont en leur Parquet de playdoyerie, font monstre
de jouer au Bassin, ou de courir, ou jouer a la Balle: dont est advenu
que la mauvaise et impropre collocation des images, a causé a iceulx
Alabandins le peu d'estime ou lon les tient de present. Or jugeons
donques maintenant de nous mesmes, si la Scene de cest Apaturius ne
nous rend point Abderites, ou Alabandins: car qui est celluy de vous
qui peult edifier une maison sur la couverture d'une autre? ou qui
sauroit y asseoir de colonnes, et les enrichir de Frontispices
pardessus? A la verité ce sont choses qui se posent ordinairement sur
les espoysseurs des estages, non sur les tuyles qui servent de toict a
couvrir. Si donc les choses qui ne peuvent estre en effect, sont
approuvees par nous en noz painctures: je dy que nous tumberons en
l'erreur de ces Citez, lesquelles pour ces petites faultes furent
estimees imprudentes, et de povre conseil. Certainement ledict
Apaturius n'osa respondre un seul mot a celluy qui blamoit son
ouvrage, ains emporta doulcement son modelle: et quand il en eut faict
un autre suyvant la verité de l'art, il recongneut son erreur, et
approuva l'opinion de celluy qui l'avoit repris. Pleust aux Dieux
immortelz que ce Licinius resuscitast maintenant: pour certain je suis
en opinion qu'il s'essayeroit de corriger nostre follie en ce qui
concerne les mauvaises ordonnances que lon applique sur les
incrustatures. Mais il me semble que ce ne sera hors de propos de
faire entendre comment ceste faulse raison a peu vaincre la verité.
Ce que les Antiques s'efforceoient monstrer avec grand labeur et par
industrie, noz ouvriers l'expriment a ceste heure avec des coleurs
belles et agreables en leurs especes. Et si la subtilité de l'Artisan
souloit donner quelque reputation a l'ouvrage, a present la prodigue
despense de celluy qui bastit, faict que tele subtilité ne soit plus
desiree: car qui est l'homme d'entre tous iceulx antiques, qui n'ayt
peu usé de Vermillon comme de drogue convenable en Medecine? et
maintenant toutes les murailles en sont couvertes. Puis encores est
venue en jeu la Chrysocolle, qui est Bourras, aucunesfois de coleur de
Jaune doré, d'Azur, de Verdbrun, de Rougeclair, de Blanc, ou de terre
d'umbrage, selon les veynes des Mineraulx d'ou elle est tiree. Apres
est succedé le Pourpre ou Cramoysi, qui se dict communement Lacque: et
consequemment la coleur d'Armenie, qui est la Perse ou Inde: et celles
la nonobstant qu'on ne les couche d'art, si ne laissent elles a
contenter la veue. A ceste cause, et pour estre precieuses de soy,
elles sont exceptees par les Loix, qui veulent que le Seigneur du
bastiment en fournisse si bon luy semble, et non le Paintre qui aura
pris son ouvrage a pris faict.
J'ay donné les advertissemens qui m'ont semblé necessaires, afin que
lon ne faille desormais a l'endroit des Incrustatures. Parquoy
maintenant je diray de l'appareil des estoffes tout ce qui me pourra
venir en la memoire: et en premier lieu, pource qu'il a esté desja
parlé de la Chaulx, je traicteray du Marbre, enseignant la practique
pour s'en servir en ornement de murailles.
DU MARBRE, ET COMMENT ON LE PREPARE
POUR EN DECORER LES PAROYS.
Chap. VI.
[LO] TOutes les especes de Marbre ne sont procreees en chacune des
Regions de la terre, ains en aucuns lieux s'y engendre des placques
qui ont des petites miettes luysantes comme grains de Sel, et celles
la pillees et moulues sont merveilleusement commodes a surpouldrer les
Incrustatures, et a mesler parmy la paste dequoy lon forme les
Cornices. Mais aux payz ou il n'y en a point, lon prend du Repous ou
bloccage de Marbre qui chet a bas quand les ouvriers taillent leurs
pierres, et le faict on piler menu dedans un mortier de Fer, puis on
le passe par un Crible, et ce qui en sort, se divise en trois parties,
dont le plus gros grain se reserve (comme il a esté cy dessus escrit)
pour la premiere main de placcage contre la muraille sur laquelle on
veult faire crouste, le second ou moyen pour la deuxieme, et le tiers
qui est le plus delyé, pour la troysieme. Apres quand on a bien enduyt
tout cela avec la Truelle, et frotté pardessus pour luy donner sa
polissure, lon vient a y coucher les coleurs, qui en rendent leurs
brillemens et splendeurs plus luysantes, et de meilleure grace. Mais
pour satisfaire a tout le monde, j'exposeray les differences de leurs
preparations ordinaires.
DES COLEURS, ET PREMIEREMENT DE L'OCHRE.
Chap. VII.
[LO] IL est des coleurs qui se concreent d'elles mesmes en certaines
places de la terre d'ou elles se tirent: mais aussi s'en trouve il
assez d'autres qui se composent par mixtions et temperatures de
quelzques choses, et s'affinent en les traictant ainsi qu'il
appartient, de sorte qu'elles prestent en ouvrages la mesme utilité
que feroient les natureles. A ceste cause nous expedierons en premier
lieu celles qui naissent d'elles mesmes, et se fouillent en propres
minieres, singulierement celle que les Grecz nomment Ochra, c'estadire
palle.
Ceste la se treuve en plusieurs contrees, mesmes y en a beaucoup en
Italie: et l'Athenienne {'lAthenienne} qui souloit jadiz estre
excellente, maintenant ne se treuve plus, a raison que quand il y
avoit en Athenes des familles deputees a fouiller les minieres
d'Argent, lon faisoit de grandes caves soubz terre pour trouver
abondance de ce Metal, et si ce pendant les fouilleurs rencontroient
une veyne de quelque autre chose, ilz la poursuyvoient aussi bien que
l'argent. Et de la est venu que les Antiques en leurs enrichissemens
de murailles, ont employé beaucoup de Sil, qui est une coleur
approchante de l'Ochre, mais quand il est tiré hors des veines de
Marbre, si on le brule, et estainct en Vinaigre, il prend semblance de
Pourpre, ou Cramoysi Violet. Toutesfois aucuns pensent que c'est Azur
d'oultre mer, et d'autres l'estiment terre Selenusie portant coleur de
Laict, et laquelle destrempee en icelluy, est propre a blanchir les
murailles.
Aussi tire lon de plusieurs endroitz des Rubriches ou Pierres
Sanguines, mais peu les produysent bonnes. Les meilleures se treuvent
aupres de Sinope ville de la province de Pont, si font elles bien en
Egypte, et en pareil aux Isles Baleares du domaine d'Espagne,
maintenant dictes Majorque, et Minorque. Semblablement il s'en
recouvre en l'isle de Lemnos, qui est en la mer Egee, et de
laquelle nostre Senat et le peuple Romain conceda aux Atheniens jouyr
des impositions et Gabelles. Mais le Paretoine, qui est comme le
Cinnabre de miniere, retient son nom du lieu auquel il est fouillé: et
est une espece {es pece} de Boli Armeni. Aussi faict bien le Melin,
qui a coleur de Miel, pourautant que la force de ce metal est (a ce
que lon dict) en l'isle de Melos comptee au nombre des Cyclades.
Davantage la Croye verde, autrement appellee Verddeterre, provient
en diverses contrees, mais la plus excellente s'apporte de Smyrne Cité
d'Ionie en Asie la mineur: et ceste la se nomme Theodotion entre les
Grecz, pour amour qu'elle fut premierement trouvee en une piece de
terre appartenante a un certain Theodotus.
Au regard de l'Orpiment, qu'iceulx Grecz nomment Arsenicon, il se
fouille au pays de Pont. Mais la Sandaraque estimee d'aucuns estre
Massicot, qui est substance de Ceruse, se recueuille en divers
endroitz, toutesfois la meilleure se prend en la susdicte region de
Pont aupres du fleuve Hypanis, et tient en soy quelque portion de
Metal. Encores en d'autres contrees, comme sur les finages d'entre
Magnesie et Ephese, il y a des places d'ou lon la tire toute aprestee,
si qu'il ne la fault ny mouldre ne cribler: car elle est aussi subtile
que seroit une autre pilee et sassee curieusement par mains d'hommes.
DU MINIUM, OU VERMILLON. Chap. VIII.
[LO] JE commenceray maintenant a expliquer les raisons du Minium,
lequel on dict avoir esté premierement trouvé aux champs Cylbians,
pres la ville d'Ephese: et a la verité l'effect et l'occasion en sont
esmerveillables: car un certain Callias d'Athenes trouvant de l'Arene
rouge dedans les minieres d'Argent, la feit cuyre, pensant en tirer de
l'Or, mais il n'en sceut avoir sinon ceste coleur. Or quand on le
fouille en la terre, les mottes de sa matiere sont dictes Anthrax, et
gardent ce nom jusques a ce que par l'artifice des ouvriers elles
perviennent a estre Vermillon. La veyne en est comme de Fer,
toutesfois un petit plus rouge, et al'entour de soy a de la pouldre
vermeille. Quand on la taille a la Besche ou Hoyau, il en sort une
infinité de petites gouttes de Vif argent, lesquelles sont incontinent
recueuillies par les fouilleurs.
Et apres que lon a faict un grand amas de ces mottes, et qu'on les a
portees en la Forge, lon les gette soudain en la Fournaise, afin
qu'elles sechent, et vuydent l'abondance de leur humeur. adonc il s'en
elieve une fumee par la vapeur du feu, laquelle venant a se rabattre
dessus l'attre du Four, se treuve convertie en Vif argent. Ainsi donc
que lon en retire ces mottes, lesdictes gouttes esparpillees dessus
l'attre, ne peuvent estre recueuillies a cause de leur petitesse,
parquoy lon les pousse avec un Balay en un vaisseau plein d'eau, ou
elles s'amassent ensemble, et se confondent toutes en une masse: et
encores qu'elles n'emplissent qu'ne mesure de quatre Sextiers, si est
ce que quand on vient a les peser, on les treuve du pois de Cent
livres. Davantage si ceste masse est remise dedans un autre vaisseau,
et vous posez dessus une pierre de Cent livres, elle nagera en la
superficie sans aller au fons, pource que sa pesanteur ne saura
presser, enfraindre, ny dissiper ceste liqueur. Ce neantmoins si vous
ostez ce pois de pierre, et mettez en son lieu un seul scrupule d'Or,
qui n'est sinon la tierce partie d'une drachme, il ne nagera
point amont, ains de soymesme se coulera au fons. Au moyen de quoy
fault conclure, et ne sauroit on nyer, que ce metal ne soit plus
pesant que toutes autres choses, non par amplitude de pois, mais
seulement par son espece.
Au regard de ce Vifargent, il est convenable a nostre usage en
beaucoup de particularitez: car lon ne sauroit sans luy dorer a droit
ny l'Argent, ne le Cuyvre: et qui plus est, s'il y a de l'Or tyssu
parmy le drap d'une robe usee par vieillesse, telement qu'elle ne
seroit plus honneste a porter, lon en brule les lambeaux en des potz
de terre, puis est la cendre gettee en de l'eau parmy laquelle y a
d'icelluy Vifargent, et il attire incontinent tous les grains d'Or,
les contraignant de se coupler a soy. cela faict, on espanche ceste
eau, et met on ce Vifargent sur une piece de drap ou de cuyr pour le
tordre a force de mains, et pour amour de sa nature liquide il sort
par les entrefilures du drap, ou atravers les porositez du cuyr: et
l'Or entassé par l'esprainte, se treuve dedans tout espuré, quand on
le desveloppe.
DE LA TEMPERATURE DU
VERMILLON.
Chap. IX
[LO] JE retourneray maintenant a la temperature de nostre Minium, et
diray que quand ses mottes ont esté bien sechees, lon les pile en des
mortiers de fer, puis les broye lon curieusement: mesmes par laveures
et cuyssons souventesfois renouvellees, les ouvriers font tant
qu'elles deviennent en coleurs: puis quand cela est depesché, icelluy
Minium a cause du depart du Vifargent, et pour avoir laissé les autres
vertuz natureles qu'il contenoit en soy, devient une terre tendre et
debile: qui faict que quand on l'employe en ouvrages de paincture pour
les paremens des Murailles, s'il est en lieux cloz et couvers, sa
coleur demeure assez long temps sans se corrompre: mais en ceulx qui
sont essorez, comme Peristyles, Exedres, ou autres de tele qualité, ou
le Soleil et la Lune peuvent battre et frapper de leurs rayons, il se
gaste en petit nombre de jours: car il se ternit, et perd la proprieté
de sa coleur.
A ceste cause plusieurs personnages en ont esté deceuz, et
singulierement Faberius le Scribe, lequel voulant avoir sa maison du
Mont Aventin, belle et plaisante le possible, en feit paindre toutes
les murailles de ses Peristyles: mais au bout de trente jours elles
devindrent de layde et diverse apparence. quoy voyant il remarchanda
soudain pour lesfaire decorer d'autre paincture.
Toutesfois s'il y a quelqu'n qui veuille plus subtilier en cest
endroit, afin de faire que la couche de Minium retienne sa coleur, il
fauldra qu'il use de ceste practique.
Quand la paroy bien polye sera devenue seche, la face avec une
grosse Bresse enduyre par tout de Cire blanche, fondue et meslee parmy
de l'Huyle: puis avec feu de Charbon qu'il aura dedans un Rechauffoer,
voyse eschauffant la muraille, de sorte qu'il la face suer, et
surfondre la Cire. lors l'applanye a tout le Polissoer, si qu'il {qu
il} la rende egale proprement. Apres passe de rechef du suif
de chandele pardessus, et le frotte de beaux drappeaux netz demy usez,
comme lon faict les statues de Marbre.
Ceste sorte de polissement se dict par les Grecz Encausis,
c'estadire conduitte par le feu: ou selon aucuns Onisis, qui signifie
ayde et utilité: ou bien suyvant d'autres Onyx, qui vault autant que
claire et unye comme un ongle. Mais quoy qu'il en soit, si tel
preservatif de Cire blanche, est appliqué sur la muraille, jamais ne
permettra que la lueur de la Lune, ny les rayons du Soleil, puissent
en lechant arracher la coleur appliquee en ces ouvrages.
Or les Officines ou maisons des preparateurs et distribueurs de
ceste marchandise qui souloient estre aux minieres d'Ephese, sont a
ceste heure transferees en ceste ville, a raison que pareille espece
de veyne fut depuis trouvee aux regions d'Espagne, d'ou les mottes
s'apportent, et sont conduittes jusques en noz Magasins, ou Fondiques,
par les facteurs et entremetteurs qui en ont pris la charge, et
resident entre le Temple de Flora maintenant appellé Camp de fleur, et
celluy de Quirinus.
Ledict Minium se faulsifie avec de la Chaulx que lon mesle parmy:
parquoy si quelq'un veult esprouver s'il y a point de fraude, prenne
une lame de fer, et en gette un petit dessus, puis la mette au feu, et
l'y tienne jusques a ce qu'elle devienne toute embrazee. adonc s'il
veoit que par cest embrazement son Minium ayt changé de coleur, et
soit devenu noirastre, oste sa lame hors du feu: et si en
refroydissant il revient en sa premiere coleur, ce sera signe qu'il
est loyal et marchant. mais ou il garderoit une cotte noire, lon peult
estimer qu'il y a de la tromperie.
J'ay dict de ce Minium tout ce qui m'est peu venir en memoire: ce
neantmoins encores diray je de la Chrysocolle, que lon l'apporte du
pays de Macedoine, et qu'on la fouille dedans les terres prochaines
des minieres d'Arain. Et quant au Minium, et a la coleur Inde, leurs
noms declarent assez en queles regions ilz sont procreez par la
Nature.
DES COLEURS QUI SE FONT PAR ART.
Chap. X.
[LO] J'Entreray maintenant sur les matieres qui estant desguysees
par autres genres de preparations et temperatures, recoyvent proprieté
de nayves coleurs: et avant toutes autres parleray de l'Atrament ou
Noir, dont l'usage est singulierement requis aux ouvrages de
paincture: afin que les practiques pour le faire beau, soyent notoires
a un chacun.
[FIGURE]
Lon edifie un lieu comme un Laconique ou Poyle, et le polit on
de Marbre, en le frottant subtilement. Devant icelluy Poyle se faict
un petit fourneau qui a son yssue ou tuyau de cheminee dedans ce
Poyle. adonc lon estouppe tresbien la gueule de son attre, afin que la
flamme n'en sorte. Apres on met de la Poix Resine dedans la fournaise,
ou elle est contraincte par la puissance du Feu qui la brule, de
getter par son conduict, sa suye parmy le susdict Poyle dedans lequel
s'attache contre les murailles, et a la voulte, d'ou puis apres on la
recueuille, et la faict on mesler avec de la Gomme pour servir
d'Encre aux Libraires: et du reste les Painctres le brouillans
avec de la Colle, en noircissent les murailles quand il en est
besoing.
Mais qui n'auroit de ces matieres prestes, pourra en ceste sorte
subvenir a la necessité, a ce que par trop attendre, la besongne ne
traine oultre le devoir.
Lon brule des Sarmens de Vigne, ou des coepeaux de Pin: et quand ilz
sont redigez en charbon, lon les estainct: puis se pilent dedans un
mortier avec de la Colle: et par ceste voye s'en retire du Noir, qui
n'est pas laid en ouvrages de paincture.
Pareillement si on brule en la Fournaise de la Lye de Vin seche, et
qu'n ouvrier la mesle avec de la Colle, il en fera une coleur
d'Atrament belle et plaisante le possible: et tant plus la Lye sera de
bon Vin, tant plus aura elle proprieté d'imiter non seulement le Noir,
mais la coleur Inde, que lon dict autrement Morée.
DE LA PREPARATION DU CERULEE, OU
Bleu, que d'aucuns appellent Turquin. Chap. XI.
[LO] LA temperature du Cerulée s'inventa premierement en Alexandrie:
mais quelque temps apres, un certain Vestorius aprint de le faire a
Poussol pres de Naples. La raison (certes) de sa practique est assez
admirable: car lon broye de l'Arene ou Sable avec de la fleur de
Nitre, si delyé, que cela devient comme farine: puis lon prend de la
mytaille ou limature d'Arain de Cypre, faicte avec de grosses limes,
et la surpouldre lon dessus, afin que le tout se vienne a incorporer.
Cela faict, lon en moule des pelotes entre les mains, puis sont mises
en quelque lieu pour secher. adonc quand on les voit assez seches, on
les met en un grand vaisseau de Terre, et ce vaisseau dedans une
fournaise: ainsi l'Arain et le Sable s'entr'eschauffans l'un l'autre,
mesmes s'entredonnans et recevans des sueurs causees par la violence
du feu, delaissent leurs qualitez natureles, si bien, qu'estant par
icelle vehemence du feu leur premiere forme destruitte, ilz se
reduysent en coleur Cerulée.
Quant est du brulé qui cause des grans profitz sur les ornemens
d'incrustature, il se prepare comme s'ensuyt.
Lon faict cuyre des motes de bon Sil, jusques a ce que lon les voye
toutes embrazées: et lors on les estainct en Vinaigre: et par ce moyen
prennent incontinent coleur de Pourpre.
COMMENT SE FONT LA CERUSE OU BLANC DE PLOMB,
le Verd de gris, et la Sandaraque autrement Massicot. Chap. XII.
[LO] IL ne sera maintenant hors de propos, de parler de la Ceruse,
et mesmes du Verd de gris, que noz Latins appellent Eruca, pour
enseigner comment cela se conduyt.
Les Rhodiens mettent en des muys ou tonneaux quelzques branches de
Sarment, qu'ilz surfondent avec du Vinaigre, et pardessus assyeent des
lames de Plomb. puis estouppent songneusement les gueules, afin qu'il
n'en sorte vent ny aleine, et certain temps apres viennent a les
r'ouvrir: adonc ilz treuvent la Ceruse attachee contre ces lames de
Plomb
Tout ainsi (certes) et par mesme moyen, appliquant des lames
d'Arain ou Cuyvre, ilz en font le Verd de gris ou Eruca, comme j'ay
desja dict. Ceste Ceruse, quand on la cuyt dedans une Fournaise, elle
change coleur, et se convertit en Sandaraque, ou Massicot. Chose que
les hommes ont apris par inconvenient de feu: et ceste la preste
beaucoup meilleur usage que l'autre qui provient aux minieres d'ou lon
la tire pour s'en servir.
LA MANIERE DE FAIRE LE POURPRE,
qui est la plus excellente coleur de toutes les artificieles.
Chap. XIII.
[LO] JE commenceray maintenant a deduire du Pourpre, a raison qu'il
a par dessus toutes les susdictes coleurs, une tresagreable et
tresexcellente suavité de regardure.
Il se tire de certaines Cocquilles marines de quoy lon tainct le
Veloux et Satin Cramoysi, et n'est moins esmerveillable, a qui bien le
veult considerer, que le naturel de toutes autres choses, pourautant
que lon ne le treuve d'une mesme apparence en tous les lieux ou il
s'engendre, ains est naturelement temperé par le cours du Soleil. et
de la vient que celluy que lon prend en la Region de Pont, et en
Gaule, tire sur le brun, pour estre ces pays lá prochains du
Septentrion. Mais ceulx qui voyagent entre ledict Septentrion et
l'Occident, le treuvent livide, ou de coleur de Sang meurdry. L'autre
qui se cueuille aux contrees d'Orient et d'Occident equinoctiaulx, a
une apparence de Violet: et celluy qui s'apporte des provinces
Meridionales, est procreé avec puissance Rouge. A ceste cause un
semblable Vermeil provient en l'Isle de Rhodes, et en tous autres
Climatz semblables approchans du cours d'icelluy Soleil.
Quand lon a faict amaz de ces Cocquilles, certains personnages
deputez les incisent tout al'entour avec des ferremens, et de ces
incisions sort goutte a goutte une sanie ou bourbe purpuree, laquelle
est recueuillye en des mortiers, et si bien broyee que le tout se
reduict en masse: et pource qu'il est tiré hors les Cocquilles des
poyssons de Mer, noz Latins l'appellent Ostrum. Mais il s'altere
incontinent par le hasle, a cause de sa salure, si ce n'est que de
foys a autre on le surfonde et enroze de Miel.
DES COLEURS DUDICT POURPRE.
Chap. XIIII.
[LO] LOn faict aussi des coleurs de Pourpre, en taignant de la Croye
avec de la Garence et grains de Troesne, ou Meures sauvages,
procedantes de l'herbe dicte Coulevree, que d'aucuns appellent du Tan.
Les autres veulent que ce soit avec de la fleur de Jacinthe, autrement
dicte Vacciet, ou bien boys de Brezil. Pareillement lon represente
plusieurs coleurs avec le just de certaines autres fleurs. Aumoins
quand les Painctres taschent a representer le Sil d'Athenes (qui est
Azur d'oultre Mer) ilz gettent en un vaisseau plein d'eau, de ces
fleurs: de Vacciet desja seches, et les font bouillir sur le feu: puis
estant ce marc temperé, le gettent sur un linge, qu'ilz tordent et
espraingnent a force de mains, pour en retirer la liqueur, qu'ilz
recoyvent en un mortier, ou ilz meslent de la terre Erythree ou rouge:
et en la broyant parmy, contrefont la coleur d'icelluy Sil Athenien.
Tout ainsi, et par mesme practique, en prenant du Vacciet,
et le pilant avec du Laict, ilz en font du Pourpre beau a merveilles.
Et ceulx qui ne peuvent ouvrer de Chrysocolle, pource qu'elle est trop
chere, prennent d'une herbe dicte par noz Romains Luteum, et par les
Francois Guesde ou Pastel, laquelle ilz destrempent parmy du Cerulée
ou Turquin, et en font une coleur excellentement verde.
Ces facons de faire se nomment tainctures. Mais quand il y a faulte
de coleur Inde ou Moree, les ouvriers prennent de la Croye Selinusie,
ou annulaire, qui est comme terre alaver, et en la taignant avec du
Verre, que les Grecz nomment Hyalon, contrefont assez bien ce qu'ilz
desirent.
Je pense avoir escrit et traicté en ce livre au mieulx qu'il m'a
esté possible, tous les moyens qui se doyvent suyvre pour rendre un
bastiment ferme et durable, ensemble dict par quele industrie lon
peult faire les painctures belles et plaisantes a la veue, mesmes
queles vertuz et proprietez les coleurs ont en soy: telement qu'en ces
Sept volumes sont contenues toutes les perfections de bastir, avec les
commoditez qu'elles doyvent avoir. Parquoy en ce suyvant mon discours
sera des Eaux, et par luy donneray a entendre les raisons pour en
trouver en lieux ou il n'y en auroit point, avec la maniere de les
conduire, et esprouver si elles sont bonnes ou non pour l'usage des
personnes qui resideront al'entour.
FIN DU SEPTIEME DE VITRUVE.
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